Bulletin of Physical Education

Bulletin d'Education Physique

 

February 1954

 

Contents :

Table des Matières:

The Ideal of Human Unity,Chapter XXXI-XXXIV    - Sri Aurobindo

L'Idéal de L'Unité Humaine Chapitres- XXXI-XXXIV       - Sri Aurobindo

The fear of death and the four methods of

 conquering it    -The Mother

La peur de la mort et les quatre méthodes pour la conquérir      - La Mère

Report on the Quarter

Rapport Trimestriel

Illustrations

Illustrations

 

The Ideal of Human Unity

 

The Ideal of Human Unity

CHAPTER  XXXI

THE CONDITIONS OF A FREE WORLD-UNION

 

A FREE world-union must in its very nature be a complex unity based on a diversity and that diversity must be based on free self-determination. A mechanical unitarian system would regard in its idea the geographical groupings of men as so many conveniences for provincial division, for the convenience of administration, much in the same spirit as the French Revolution reconstituted France with an entire disregard of old natural and historic divisions. It would regard mankind as one single nation and it would try to efface the old separative national spirit altogether, it would arrange its system probably by continents and subdivide the continents by convenient geographical demarcations. In this other quite opposite idea, the geographical, the physical principle of union would be subordinated to a psychological principle; for not a mechanical division, but a living diversity would be its object. If this object is to be secured, the peoples of humanity must be allowed to group themselves according to their free-will and their natural affinities; no constraint or force could be allowed to compel an unwilling nation or distinct grouping of peoples to enter into another system or join itself or remain joined to it for the convenience, aggrandisement or political necessity of another people or even for the general convenience, in disregard of its own wishes. Nations or countries widely divided from each other geographically like England and Canada or England and Australia might cohere together. Nations closely grouped locally might choose to stand apart, like England and Ireland or like

 

L'Idéal de L'Unité Humaine

CHAPITRE XXXI

LES CONDITIONS D'UNE UNION MONDIALE LIBRE

 

UNE union mondiale libre doit être, dans sa nature même, une unité complexe basée sur la diversité; et cette diversité doit être basée sur la libre disposition de soi. Un système unitaire mécanique se représenterait les groupements géographiques d'hommes comme autant de facilités pour la division en provinces et l'administration, à peu près dans le même esprit que la Révolution Française reconstitua la France avec un mépris complet des vieilles divisions naturelles et historiques. Il considérerait l'humanité comme une nation unique, et essayerait d'effacer complètement l'ancien esprit national séparatif; il organiserait probablement son système par continents et subdiviserait les continents par des démarcations géographiques commodes. Dans l'ordre d'idées complètement opposé, le principe d'union géographique et physique serait subordonné à un principe psychologique; car son but ne serait pas une division mécanique, mais une vivante diversité. Pour réaliser ce but on devrait permettre aux peuples de l'humanité de se grouper selon leur libre volonté et leur affinité naturelle; on ne devrait admettre aucune contrainte ou aucune force obligeant une nation récalcitrante ou un groupe distinct de peuples à entrer ' dans un autre système, à s'y joindre, ou à y rester en dépit de ses propres vœux, que ce soit pour la commodité, l'agrandissement ou la nécessité politique d'un autre peuple, ou même pour la commodité générale. Des nations ou des pays très éloignés les uns des autres géographiquement comme l'Angleterre et le Canada, ou l'Angleterre et l'Australie, pourraient rester unis. Des nations étroitement groupées localement pourraient choisir de se tenir séparées, comme l'Angleterre et l'Irlande ou comme la Finlande et

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Finland and Russia. Unity would be the largest principle of life, but freedom would be its foundation-stone¹

In a world built on the present political and commercial basis this system of groupings might present often insuperable difficulties or serious disadvantages; but in the condition of things in which alone a free world-union would be possible, these difficulties and disadvantages would cease to operate. Military necessity of forced union for strength of defence or for power of aggression would be non-existent, because war would no longer be possible; force as the arbiter of international differences and a free world-union are two quite incompatible ideas and practically could not coexist. The political necessity would also disappear;  for it is largely made up of that very spirit of conflict and the consequent insecure conditions of international life apportioning predominance in the world to the physically and organically strongest nations out of which the military necessity arose. In a free world-union determining its affairs and settling its differences by agreement or, where agreement failed, by arbitration, the only political advantage of including large masses of men not otherwise allied to each other in a single State would be the greater influence arising from mass and population. But this influence could not work if the inclusion were against the will of the nations brought together in the State; for then it would rather be a source of weakness and disunion in the State's international action—unless indeed it were allowed in the international system to weigh by its bulk and population without regard to the will and opinion of the peoples constituting it. Thus the population of Finland and Poland might swell the number of voices which a united Russia could count in the council of the nations, but the will, sentiment and opinions of the Finns and Poles be given no means of expression in that mechanical and unreal unity.² But this would be contrary to the modern sense of justice and reason and incompatible with the principle of freedom which could alone ensure a sound and

 

¹  Necessarily to every principle there must be in application a reasonable limit; otherwise fantastic and impracticable absurdities might take the place of a living truth.

² The inclusion of India in the League of Nations has evidently been an arrangement of this type.

la Russie. L'unité serait le grand principe de la vie, mais la liberté en serait la pierre fondamentale.1

Dans un monde construit sur la base actuelle, politique et commerciale, ce système de groupements pourrait souvent présenter des difficultés insurmontables ou des désavantages sérieux; mais dans le seul état de choses où une union mondiale libre serait possible, ces difficultés et ces désavantages cesseraient d'opérer. La nécessité militaire d'une union forcée, pour accroître la puissance de la défense ou celle de l'agression, n'existerait pas, parce que la guerre ne serait plus possible. La force, en tant qu'arbitre des différends internationaux, et une union mondiale libre, sont deux idées tout à fait incompatibles; elles ne peuvent coexister pratiquement. La nécessité politique disparaîtrait aussi; car elle est largement faite de l'esprit même de conflit, ainsi que des conditions incertaines qui en résultent pour la vie internationale et attribuent la prédominance dans le monde aux nations les plus fortes physiquement et organiquement; et ce sont là les causes de la nécessité militaire. Dans une union mondiale libre, décidant de ses affaires et réglant ses différends d'un commun accord, 'ou, si l'accord échoue, par arbitrage, le seul avantage politique d'inclure dans un État unique de grandes masses d'hommes qui autrement, n'auraient pas de liens mutuels, serait l'influence plus grande provenant de la masse et de la population. Mais cette influence n'aurait pas d'action, si les nations étaient réunies contre leur volonté dans l'État. Elle serait alors plutôt une source de désunion et de faiblesse pour l'action internationale de l'État; à moins en vérité que, dans le système international, il ne lui soit permis de peser par son volume et sa population, sans égard pour la volonté et l'opinion des peuples qui le constituent. Ainsi, la population de la Finlande et de la Pologne pourrait grossir le nombre des voix dont une Russie unie disposerait dans le conseil des nations, sans que les Finlandais et les Polonais aient aucun moyen d'exprimer leur volonté, leurs sentiments et leurs opinions dans cette unité mécanique irréelle.2

 

1 Dans l'application de chaque principe il doit y avoir nécessairement une limite raisonnable. Autrement, des absurdités fantastiques et irréalisables pourraient se substituer à une vérité vivante.

2 L'inclusion de l'Inde dans la Société des Nations a été évidemment un arrangement de ce genre.

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peaceful basis for the world-arrangement. Thus the elimination of war and the settlement of differences by peaceful means would remove the military necessity for forced unions, while the right of every people to a free voice and status in the world would remove its political necessity and advantage. The elimination of war and the recognition of the equal rights of all peoples are intimately bound up with each other. That interdependence, admitted for a moment, even though imperfectly, during the European conflict, will have to be permanently accepted if there is to be any unification of the race.

The economic question remains, and it is the sole important problem of a vital and physical order which might possibly present in this kind of world-arrangement any serious difficulties, or in which the advantages of a unitarian system might really outweigh those of this more complex unity. In either, however, the forcible economic exploitation of one nation by another, which is so large a part of the present economic order, would necessarily be abolished. There would remain the possibility of a sort of peaceful economic struggle, a separativeness, a building up of artificial barriers,—a phenomenon which has been a striking and more and more prominent feature of the present commercial civilisation. But it is likely that once the element of struggle were removed from the political field, the stress of the same struggle in the economic field would greatly decrease. The advantages of self-sufficiency and predominance, to which political rivalry and struggle and the possibility of hostile relations now give an enormous importance, would lose much of their stringency and the advantages of a freer give and take would become more easily visible. It is obvious, for example, that an independent Finland would profit much more by encouraging the passage of Russian commerce through Finnish ports or an Italian Trieste by encouraging the passage of the commerce of the present Austrian provinces than by setting up a barrier between itself and its natural feeders. An Ireland politically or administratively independent, able to develop its agricultural and technical education and intensification of productiveness, would find a greater advantage in sharing the movement of the commerce of Great Britain than in isolating

Ceci serait contraire au sens moderne de justice et de raison, et incompatible avec le principe de liberté, qui seul peut assurer une base solide et pacifique à l'organisation mondiale. Par conséquent, l'élimination de la guerre et le règlement des différends par des moyens pacifiques feraient disparaître la nécessité militaire des unions forcées, tandis que le droit de chaque peuple d'avoir une voix et un statut libres dans le monde, supprimerait la nécessité politique et son avantage. L'élimination de la guerre et la reconnaissance de droits égaux à t us les peuples sont intimement liées l'une à l'autre. Cette interdépendance, admise pendant quelque temps, et bien imparfaitement, durant le conflit européen, devra être acceptée de façon permanente pour qu'une unification du genre humain puisse se produire.

La question économique demeure; et c'est le seul problème important d'ordre vital et physique, qui, dans ce genre d'organisation mondiale, pourrait peut-être soulever quelques difficultés sérieuses, ou dans lequel les avantages d'un système unitaire pourraient l'emporter sur ceux de l'unité plus complexe. Dans les deux cas, cependant, l'exploitation économique forcée d'une nation par une autre, qui est un élément si important de l'ordre économique actuel, devrait nécessairement cesser. Il resterait la possibilité d'une sorte de lutte économique pacifique, la tendance à la séparation, la construction de barrières artificielles, phénomène qui est un trait frappant et de plus en plus marqué de la civilisation commerciale actuelle. Mais il est probable qu'une fois l'élément de conflit écarté du champ politique, la tension du même conflit dans le champ économique diminuerait beaucoup. Les avantages de l'autarcie et de la prépondérance, auxquels la rivalité et la lutte politiques et la possibilité de relations hostiles donnent à présent une importance énorme, perdraient beaucoup de leur force, et les avantages d'un échange plus libre deviendraient facilement visibles. Il est évident, par exemple, qu'une Finlande indépendante aurait plus d'avantages à encourager le passage du commerce russe par les ports finlandais, ou une Trieste italienne à encourager le passage du commerce des provinces autrichiennes actuelles1, qu'à élever des barrières entre elles

 

1 Maintenant parties de la Yougoslavie (N. du T).

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itself, even as Great Britain would profit more by an agreement with such an Ireland than by keeping her a poor and starving helot on her estate. Throughout the world, the idea and fact of union once definitely prevailing, unity of interests would be more clearly seen and the greater advantage of agreement and mutual participation in a naturally harmonised life over the feverish artificial prosperity created by a stressing of separative barriers. That stressing is inevitable in an order of struggle and international competition, it would be seen to be prejudicial in an order of peace and union which would make for mutual accommodation. The principle of a free world-union being that of the settlement of common affairs by common agreement, this could not be confined to the removal of political differences and the arrangement of political relations alone, but must naturally extend to economic differences and economic relations as well. To the removal of war and the recognition of the right of self-determination of the peoples the arrangement of the economic life of the world in its new order by mutual and common agreement would have to be added as the third condition of a free union.

There remains the psychological question of the advantage to the soul of humanity, to its culture, to its intellectual, moral, aesthetic, spiritual growth. At present, the first great need of the psychological life of humanity is the growth towards a greater unity; but its need is that of a living unity, not in the externals of civilisation, in dress, manners, habits of life, details of political, social and economic order, not a uniformity, which is the unity towards which the mechanical age of civilisation has been driving, but a free development everywhere with a constant friendly interchange, a close understanding, a feeling of our common humanity, its great common ideals and the truths towards which it is driving and a certain unity and correlation of effort in the united human advance. At present it may seem that this is better helped and advanced by many different nations and cultures living together in one political State-union than by their political separateness. Temporarily, this may be true to a certain extent, but let us see within what limits.

The old psychological argument for the forcible inclusion of

mêmes et leurs nourrisseurs naturels. Une Irlande indépendante politiquement et administrativement, capable de développer son éducation agricole et technique et d'intensifier sa production, trouverait un plus grand avantage à partager le mouvement commercial de la Grande-Bretagne, qu'à s'isoler, de même que la Grande-Bretagne profiterait davantage d'un accord avec une Irlande de cette sorte, qu'à la maintenir sous sa dépendance comme une esclave pauvre et affamée.1 Une fois que l'idée et le fait de l'union prévaudraient définitivement dans le monde entier, on apercevrait bien plus clairement l'unité des intérêts ainsi que l'avantage plus grand de l'entente et de la participation commune dans une vie naturellement harmonisée, sur la prospérité artificielle et fiévreuse créée par l'accentuation des barrières séparatrices. Cette accentuation est inévitable dans un état de lutte et de concurrence internationales, dans un état de paix et d'union tendant vers un accommodement mutuel, on reconnaîtrait qu'elle est préjudiciable. Le principe d'une union mondiale libre, étant celui du règlement des affaires communes par entente commune, ne pourrait pas se limiter seulement à la suppression des différends politiques et à l'organisation des relations politiques, mais devrait naturellement s'étendre aussi bien aux différends économiques et aux relations économiques. À la suppression de la guerre et à la reconnaissance du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, devrait s'ajouter, comme troisième condition d'une union libre, l'organisation, par une entente mutuelle et générale, de la vie économique du monde dans l'ordre nouveau.

Il reste la question psychologique des avantages dont bénéficieraient l'âme de l'humanité, sa culture, sa croissance intellectuelle, morale, esthétique et spirituelle. À présent, le besoin primordial de la vie psychologique humaine est la croissance vers une plus grande unité, mais ce besoin est celui d'une unité vivante. Il ne réside pas dans le côté extérieur de la civilisation, dans l'habillement, les manières, les habitudes de vie, les détails de l'ordre politique, social et économique, il ne consiste pas en une uniformité,—cette forme d'unité à laquelle pousse l'âge mécanique de la civilisation,—mais dans un développement libre généralisé

 

1 Écrit avant l'octroi de l'indépendance à l'Irlande.

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a subject nation by a dominant people was the right or advantage of imposing a superior civilisation upon one that was inferior or upon a barbarous race. Thus the Welsh and Irish people used to be told that their subjugation was a great blessing to their countries, their languages petty patois which ought to disappear as soon as possible, and in embracing English speech, English institutions, English ideas lay their sole road to civilisation, culture and prosperity. The British domination in India was justified by the priceless gift of British civilisation and British ideals, to say nothing of the one and only true religion, Christianity, to a heathen, orientally benighted and semi-barbarous nation. All this is now an exploded myth. We can see clearly enough that the long suppression of the Celtic spirit and Celtic culture, superior in spirituality if inferior in certain practical directions to the Latin and Teutonic, was a loss not only to the Celtic peoples, but to the world. India has vehemently rejected the pretensions to superiority of British civilisation, culture and religion, while still admitting, not so much the British, as the modern ideals and methods in politics and in the trend to a greater social equality, and it is becoming clear now, even to the more well-informed European minds that the Anglicisation of India would have been a wrong not only to India itself but to humanity.  

Still it may be said that, if the old principle of the association was wrong, yet the association itself leads eventually to a good result. If Ireland has lost for the most part its old national speech and Welsh has ceased to have a living literature, yet as a large compensation the Celtic spirit is now reviving and putting its stamp on the English tongue spoken by millions throughout the world, and the inclusion of the Celtic countries in the British Empire may lead to the development of an Anglo-Celtic life and culture better for the world than the separate development of the two elements. India by the partial possession of the English language has been able to link herself to the life of the modern world and to reshape her literature, life and culture on a larger basis and, now that she is reviving her own spirit and ideals in a new mould, is producing an effect on the thought of the West, a perpetual union of the two countries and a constant mutual interaction of their

avec un constant interéchange amical, dans une compréhension intime, dans le sentiment de notre humanité commune, de ses grands idéaux communs et des vérités vers lesquelles elle se dirige, et dans une certaine unité et corrélation de l'effort dans la marche en avant unifiée de l'humanité. Pour le moment, il peut sembler que ceci soit mieux favorisé et servi par la vie commune de beaucoup de nations et de cultures différentes dans une union politique des États, que par leur séparation politique. Ceci peut être vrai temporairement et dans une certaine mesure, mais voyons dans quelles limites.

Le vieil argument psychologique en faveur de l'annexion forcée d'une nation par un peuple prédominant, était le droit ou l'avantage d'imposer une civilisation supérieure à une inférieure ou à une race barbare. Ainsi les peuples gallois et irlandais s'entendaient dire que leur subjugation était une grande bénédiction pour leur pays, que leur langue était un patois insignifiant, destiné à disparaître aussitôt que possible, et que d'adopter la langue anglaise, les institutions anglaises, les idées anglaises, était leur seul chemin vers la civilisation, la culture et la prospérité. La domination britannique dans l'Inde se justifiait par le don sans prix de la civilisation et des idéaux britanniques, pour ne rien dire de l'unique et seule vraie religion, le Christianisme, à une nation païenne, plongée dans les ténèbres orientales et à demi barbare. Tout cela est maintenant un mythe discrédité. Il est aujourd'hui suffisamment clair que le long étouffement de l'esprit et de la culture celtiques, supérieurs en spiritualité, quoique inférieurs dans certains domaines pratiques à la culture et à l'esprit latins ou teutoniques, a été une perte non seulement pour les peuples celtiques, mais pour le monde entier. L'Inde a rejeté avec véhémence la prétention à la supériorité de la civilisation, de la culture et de la religion britanniques, tout en admettant les idéaux et les méthodes, non pas tant britanniques que modernes, en politique et dans l'orientation vers une égalité sociale plus grande. Il devient clair maintenant, même aux esprits européens, s'ils sont bien informés, que l'anglicisation de l'Inde aurait été un mal, non seulement pour l'Inde elle-même, mais pour l'humanité.

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culture by this close association would be more advantageous to them and to the world than their cultural isolation from each other in a separate existence.

There is a temporary apparent truth in this idea, though it is not the whole truth of the position, and we have given it full weight in considering the claims of the imperialistic solution or line of advance on the way to unity. But even the elements of truth in it can only be admitted, provided a free and equal union replaces the present abnormal, irritating and falsifying relations. Moreover, these advantages could only be valuable as a Stage towards a greater unity in which this close association would no longer be of the same importance. For the final end is a common world-culture in which each national culture should be, not merged into or fused with some other culture differing from it in principle or temperament, but evolved to its full power and could then profit to that end by all the others as well as give its gains and influences to them, all serving by their separateness and their interaction the common aim and idea of human perfection. This would best be served, not by separateness and isolation, of which there would be no danger, but yet by a certain distinctness and independence of life not subordinated to the mechanising force of an artificial unity. Even within the independent nation itself, there might be with advantage a tendency towards greater local freedom of development and variation, a sort of return to the vivid local and regional life of ancient Greece and India and mediaeval Italy; for the disadvantages of strife, political weakness and precariousness of the nation's independence would no longer exist in a condition of things from which the old terms of physical conflict had been excluded, while all the cultural and psychological advantages might be recovered. A world secure of its peace and freedom might freely devote itself to the intensification of its real human powers of life by the full encouragement and flowering of the individual, local, regional, national mind and power in the firm frame of a united humanity.

What precise form the framework might take, it is impossible to forecast and useless to speculate, only certain now current ideas would have to be modified or abandoned. The idea of a world-

Cependant on peut dire que, si l'ancien principe d'association était mauvais, l'association elle-même a pourtant eu finalement de bons résultats. Si l'Irlande a perdu en grande partie sa vieille langue nationale, et si le gallois a cessé d'avoir une littérature vivante, toutefois, en compensation, l'esprit celtique est en train de renaître et d'apposer son empreinte sur la langue anglaise parlée par des millions d'individus à travers le monde. L'inclusion des pays celtiques dans l'Empire Britannique peut conduire au développement d'une vie et d'une culture anglo-celtiques meilleures pour le monde que le développement séparé des deux éléments. L'Inde, par la possession partielle de la langue anglaise, a été capable de se relier à la vie du monde moderne et de refaçonner sa littérature, sa vie et sa culture sur une base plus vaste, et maintenant qu'elle ressuscite son esprit et ses idéaux propres sous de nouvelles formes, elle exerce un effet sur la pensée de l'Occident. Une union perpétuelle des deux pays et une interaction mutuelle constante de leurs cultures, par suite de cette étroite association, seraient plus avantageuses pour eux et pour le monde, que leur isolement culturel réciproque dans une existence séparée. Il y a dans cette idée une vérité apparente et temporaire, quoique ce ne soit pas l'entière vérité de la situation, et nous lui avons donné tout son poids en considérant les arguments en faveur de la solution, ou ligne de progression, impérialiste sur le chemin de l'unité. Mais même les éléments de vérité qu'elle contient ne peuvent être admis que si une union libre et égale remplace les relations actuelles anormales, irritantes et déformatrices. De plus, ces avantages ne pourraient avoir de valeur que comme une étape vers une plus grande unité dans laquelle cette association étroite n'aurait plus la même importance. Car la fin dernière est une culture mondiale commune, dans laquelle chaque culture nationale, au lieu de se fondre et de se perdre dans une autre culture, différente dans son principe et son tempérament, se développerait au contraire jusqu'à sa pleine puissance et pourrait alors tirer profit dans ce but de toutes les autres, en même temps qu'elle leur donnerait ses gains et ses influences, toutes servant, par leur séparation dans l'interaction, le but et l'idéal communs de la perfection humaine. Cette fin serait

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parliament is attractive at first sight, because the parliamentary form is that to which our minds are accustomed; but an assembly of the present unitarian national type could not be the proper instrument of a free world-union of this large and complex kind; it could only be the instrument of a unitarian World-State. The idea of a world-federation, if by that be understood the Germanic or American form, would be equally inappropriate to the greater diversity and freedom of national development which this type of world-union would hold as one of its cardinal principles. Rather some kind of confederation of the peoples for common human ends, for the removal of all causes of strife and difference, for interrelation and the regulation of mutual aid and interchange, yet leaving to each unit a full internal freedom and power of self-determination, would be the right principle of this unity.

But, since this is a much looser unity, what would prevent the spirit of separativeness and the causes of clash and difference from surviving in so powerful a form as to endanger the endurance of the larger principle of oneness,—even if that spirit and those causes at all allowed it to reach some kind of sufficient fulfilment? The unitarian ideal, on the contrary, seeks to efface these opposite tendencies in their forms and even in their root cause and by so doing would seem to ensure an enduring union. But it may be pointed out in answer that, if it is by political ideas and machinery, under the pressure of the political and economic spirit that the unity is brought about, that is to say, by the idea and experience of the material advantages, conveniences, well-being secured by unification, then the unitarian system also could not be sure of durability. For in the constant mutability of the human mind and earthly circumstances, as long as life is active, new ideas and changes are inevitable. The suppressed desire to recover the lost element of variability, separateness, independent living might well take advantage of them for what would then be considered as a wholesome and necessary reaction. The lifeless unity accomplished would dissolve from the pressure of the need of life within, as the Roman unity dissolved by its lifelessness in helpless response to a pressure from without, and once again local, regional, national egoism would reconstitute for itself fresh forms and new centres,

mieux servie, non par la séparation ' dans l'isolement, qui ne serait plus à craindre, mais plutôt par une certaine distinction et indépendance de vie qui ne seraient pas subordonnées à la force mécanisante d'une unité artificielle. Même au-dedans de la nation indépendante elle-même, la tendance pourrait persister avec avantage, vers une plus grande liberté locale de développement et de variation, une sorte de retour à la brillante vie locale et régionale de la Grèce et de l'Inde antiques et de l'Italie médiévale. Car les désavantages, à savoir la lutte, la faiblesse politique et la précarité de l'indépendance nationale, n'existeraient plus dans un ordre des choses d'où les anciens éléments de conflit physique auraient été exclus, tandis que tous les avantages culturels et psychologiques pourraient être recouvrés. Un monde assuré de sa paix et de sa liberté pourrait librement se consacrer à l'intensification de ses pouvoirs de vie humains réels, par l'encouragement et l'épanouissement complets de la mentalité et de la puissance individuelles, locales, régionales et nationales, dans le cadre solide d'une humanité unifiée.

Il est impossible de prédire et inutile de considérer la forme précise que ce cadre pourrait prendre; seulement, certaines idées, maintenant courantes, auraient à être modifiées ou abandonnées. L'idée d'un parlement mondial est attrayante à première vue, parce que notre esprit est habitué à la forme parlementaire. Mais une assemblée du type national unitaire actuel ne pourrait pas être l'instrument convenant à une union mondiale libre d'une nature si grande et si complexe; elle ne pourrait être que l'instrument d'un État mondial unitaire. L'idée d'une fédération mondiale, si on entend par là sa forme allemande ou américaine, serait également incompatible avec le développement national plus varié et plus libre que ce genre d'union mondiale considère comme un de ses principes cardinaux. Le principe correct de cette unité serait plutôt une espèce de confédération des peuples pour des buts humains communs, pour la suppression de toutes les causes de luttes et de différends, pour la corrélation et la réglementation de l'aide et de l'échange mutuels, laissant cependant à chaque élément une liberté intérieure complète et un plein pouvoir de disposer de soi.

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On the other hand, in a free world-union, though originally starting from the national basis, the national idea might be expected to undergo a radical transformation, it might even disappear into a new and less strenuously compact form and idea of group-aggregation which would not be separative in spirit, yet would preserve the necessary element of independence and variation needed by both individual and grouping for their full satisfaction and their healthy existence. Moreover, by emphasising the psychological quite as much as the political and mechanical idea and basis, it would give a freer and less artificial form and opportunity for the secure development of the necessary intellectual and psychological change; for such an inner change could alone give some chance of durability to the unification. That change would be the growth of the living idea or religion of humanity; for only so could there come the psychological modification of life and feeling and outlook which would accustom both individual and group to live in their common humanity first and most, subduing their individual and group-egoism, yet losing nothing of their individual or group-power to develop and express in its own way the divinity in man which, once the race was assured of its material existence, would emerge as the true object of human existence.

 


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Mais alors, puisque cela est une unité beaucoup moins cohésive, qu'est-ce qui empêcherait l'esprit de séparativité et les causes de querelle et de désaccord de survivre sous des formes assez puissantes pour compromettre la résistance du principe plus vaste d'unité,—à supposer même que cet esprit et ces causes lui permettent d'arriver à un accomplissement quelconque? L'idéal unitaire, d'autre part, s'efforce d'effacer, dans leurs formes et même dans leur cause première, ces tendances contraires, et de cette façon il semblerait assurer une union plus durable. En réponse, on pourrait faire remarquer que, si c'est par des idées et un mécanisme politiques, sous la pression d'un esprit politique et économique, que l'unité est effectuée, c'est-à-dire par la considération et l'expérience des avantages matériels, des commodités et du bien-être procurés par l'unification, alors le système unitaire

lui non plus ne serait pas sûr de sa durée. En effet, avec la mobilité constante de l'esprit humain et des circonstances terrestres, tant que la vie est active, de nouvelles idées et des changements sont inévitables. Le désir réprimé de retrouver l'élément perdu de variation, de séparation, d'existence indépendante, pourrait bien se servir de ces idées et changements pour ce qui serait alors considéré comme une réaction saine et nécessaire. L'unité accomplie, étant sans vie, se dissoudrait sous la pression du besoin intérieur de vie, comme l'unité romaine s'est dissoute par suite de son manque de vitalité dans une réponse impuissante à la pression extérieure. Une fois de plus, l'égoïsme local, régional et national reconstituerait pour lui-même de nouvelles formes et de nouveaux centres.

D'autre part, dans une union mondiale libre, quoiqu'elle débute originairement sur une base nationale, on peut s'attendre à ce que l'idée nationale subisse une transformation radicale. Elle peut même disparaître dans une forme et une idée nouvelles d'agrégation en groupes bien moins opiniâtrement compacts, qui n'auraient pas l'esprit séparatif, et qui cependant conserveraient l'élément d'indépendance et de variation dont l'individu et le groupe ont tous deux besoin pour leur pleine satisfaction et leur existence saine. De plus, l'insistance sur l'idée et la base psychologiques tout autant que sur l'idée et la base politiques et mécaniques, donnerait une occasion et une forme plus libres et moins artificielles, à un développement solide du changement intellectuel et psychologique nécessaire; et seul un tel changement intérieur pourrait conférer à l'unification quelque chance de durée. Ce changement consisterait dans la croissance de l'idée vivante ou religion de l'humanité; car c'est seulement par là que pourrait se produire la modification psychologique de vie, de sentiment et de point de vue qui habituerait à la fois l'individu et le groupe à vivre d'abord et surtout dans leur commune humanité, réprimant leur égoïsme d'individu et de groupe, sans rien perdre cependant de la capacité individuelle et collective de développer et d'exprimer chacun à sa manière, la divinité dans l'homme, ce qui, dès que l'espèce serait assurée de son existence matérielle, se dégagerait comme l'objet véritable de l'existence humaine.

 

 

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CHAPTER XXXII

INTERNATIONALISM

 

T HE idea of humanity as a single race of beings with a common life and a common general interest is among the most characteristic and significant products of modern thought. It is an outcome of the European mind which proceeds characteristically from life-experience to the idea and, without going deeper, returns from the idea upon life in an attempt to change its outward forms and institutions, its order and system. In the European mentality it has taken the shape known currently as internationalism. Internationalism is the attempt of the human mind and life to grow out of the national idea and form and even in a way to destroy it in the interest of the larger synthesis of mankind. An idea proceeding on these lines needs always to attach itself to some actual force or developing power in the life of the times before it can exercise a practical effect. But usually it suffers by contact with the interest and prepossessions of its grosser ally some lesser or greater diminution of itself or even a distortion, and in that form, no longer pure and absolute, enters on the first stage of practice.

The idea of internationalism was born of the thought of the eighteenth century and it took some kind of voice in the first idealistic stages of the French Revolution. But at that time, it was rather a vague intellectual sentiment than a clear idea seeing its way to practice; it found no strong force in life to help it to take visible body. What came out of the French Revolution and the struggle that grew around it, was a complete and self-conscious nationalism and not internationalism. During the nineteenth century we see the larger idea growing again in the minds of thinkers, sometimes in a modified form, sometimes in its own pure idealism, till allying itself with the growing forces of socialism and anarchism it took a clear body and a recognisable vital force. In its absolute form, it became the internationalism of the intellectuals, intolerant of nationalism as a narrow spirit of the past, contemptuous of patriotism as an irrational prejudice, a maleficent corporate egoism characteristic of narrow intellects and creative of arrogance, prejudice,

CHAPITRE XXXII

L'INTERNATIONALISME

 

L'IDÉAL de l'humanité en tant qu'espèce unique, ayant une — vie commune et un intérêt général commun est, parmi les produits de la pensée moderne, un des plus caractéristiques et des plus significatifs. C'est le fruit de l'esprit européen, lequel procède de façon typique, de la vie et de l'expérience jusqu'à l'idée, et, sans aller plus profondément, revient de l'idée vers la vie, dans un essai d'en changer les formes et les institutions extérieures, l'ordre et le système. Dans la mentalité européenne, cette idée a pris la forme communément dénommée internationalisme. L'internationalisme est la tentative de la pensée et de la vie humaines de sortir de l'idée et de la forme nationales, et même en une certaine façon de les détruire, dans l'intérêt d'une synthèse plus vaste de l'humanité. Une idée procédant sur ces lignes a toujours besoin de s'attacher à quelque force réelle ou à quelque puissance en cours de développement dans la vie de l'époque, avant de pouvoir exercer un effet pratique. Mais alors elle subit généralement par le contact avec les intérêts et les préjugés de son allié plus grossier, une diminution plus ou moins grande, ou même une altération, et c'est sous cette forme, qui n'est plus pure et absolue, qu'elle entre dans la première étape de la pratique.

L'idée de l'internationalisme naquit de la pensée du dix-huitième siècle et elle commença à s'exprimer dans les premières phases idéalistes de la Révolution Française. Mais à cette époque c'était un vague sentiment intellectuel plutôt qu'une idée claire, prête à être mise en pratique; elle ne trouva dans la vie aucune force puissante pour l'aider à prendre un corps visible. Ce qui sortit de la Révolution Française et de la lutte qui s'engagea autour d'elle, fut un nationalisme complet et conscient, non l'internationalisme. Pendant le dix-neuvième siècle, nous voyons l'idée plus vaste croître davantage dans l'esprit des penseurs, quelquefois sous une forme modifiée, quelquefois dans son idéalisme pur, jusqu'à ce que, s'alliant aux forces montantes du socialisme et de l'anarchisme, elle revête un corps défini et acquière une force

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hatred, oppression, division and strife between nation and nation, a gross survival of the past which the growth of reason was destined to destroy. It is founded on a view of things which looks at man in his manhood only and casts away all those physical and social accidents of birth, rank, class, colour, creed, nationality, which have been erected into so many walls and screens behind which man has hidden himself from his fellow-man, he has turned them into sympathy-proof shelters and trenches from which he wages against him a war of defence and aggression, war of nations, war of continents, war of classes, war of colour with colour, creed with creed, culture with culture. All this barbarism the idea of the intellectual internationalist seeks to abolish by patting man face to face with man on the basis of their common human sympathy, aims, highest interests of the future. It is entirely futurist in its view; it turns away from the confused and darkened good of the past to the purer good of the future when man, at last beginning to become a truly intelligent and ethical being will shake away from him all these sources of prejudice and passion and evil. Humanity will become one in idea and feeling, and life be consciously what it now is in spite of itself, one in its status on earth and its destiny.

The height and nobility of the idea is not to be questioned and certainly a mankind which set its life upon this basis would make a better, purer, more peaceful and enlightened race than anything we can hope to have at present. But as the human being is now made, the pure idea, though always a great power, is also afflicted by a great weakness. It has an eventual capacity, once born, of taking hold of the rest of the human being and forcing him in the end to acknowledge its truth and make some kind of attempt to embody it; that is its strength. But also because man at present lives more in the outward than in the inward, is governed principally by his vital existence, sensations, feelings and customary mentality rather than by his higher thought-mind, and feels himself in these to be really alive, really to exist and be, while the world of ideas is to him something remote and abstract and, however powerful and interesting in its way, not a living thing, the pure idea seems, until it is embodied in life, something

vitale discernable. Dans sa forme absolue, elle devint l'internationalisme des intellectuels, intolérant du nationalisme comme d'un esprit étroit du passé, dédaigneux du patriotisme comme d'un préjugé irrationnel, d'un malfaisant égoïsme de corps, caractéristique des intelligences bornées, et créateur d'arrogance, de parti pris, de haine, d'oppression, de division et de conflit entre nations, survivance grossière du passé que la croissance de la raison est destinée à détruire. Le fondement en est une vision des choses qui considère l'homme dans son humanité seule et écarte tous les accidents physiques et sociaux, de naissance, de rang, de classe, de couleur, de croyance, de nationalité, qui ont été érigés comme autant de murailles et d'écrans derrière lesquels l'homme se cache de son prochain. Il les a transformés en abris et en tranchées à l'épreuve de la sympathie, d'où il livre une guerre de défense et d'agression: guerre de nations, guerre de continents, guerre de classes, guerre de couleur contre couleur, de foi contre foi, de culture contre culture. Tout ce barbarisme, l'internationaliste intellectuel essaye de l'abolir en mettant l'homme face à face avec l'homme, sur la base de leur sympathie humaine commune et des buts, des intérêts supérieurs de l'avenir. Il est entièrement futuriste dans ses vues, il se détourne du bien confus et sombre du passé, et regarde vers le bien plus pur de l'avenir, vers le moment où l'homme, commençant enfin à devenir un être vraiment intelligent et moral, secouera de lui ces sources de préjugés, de passion et de mal. L'humanité deviendra une dans l'idée et le sentiment; et la vie sera consciemment ce qu'elle est maintenant en dépit d'elle-même: une dans son statut sur la terre et dans sa destinée.

La hauteur et la noblesse de cette idée ne font aucun doute, et certainement une humanité qui établirait sa vie sur cette base, constituerait une espèce meilleure, plus pure, plus pacifique et plus éclairée que tout ce que nous pouvons espérer avoir à présent. Mais avec l'être humain tel qu'il est maintenant, l'idée pure, bien qu'ayant toujours une grande puissance, est affligée aussi d'une grande faiblesse. Une fois née, elle a la capacité éventuelle de se saisir du reste de l'être humain et de le forcer à reconnaître finalement sa vérité et à faire quelque tentative

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not quite real; in that abstractness and remoteness lies its weakness.

The sense of this abstractness imposes on the idea an undue haste to get itself recognised by life and embodied in a form. If it could have confidence in its strength and be content to grow, to insist, to impress itself till it got well into the spirit of man, it might conceivably become a real part of his soul-life, a permanent power in his psychology and might succeed in remoulding his whole life in its image. But it has inevitably a desire to get as soon as possible admitted into a form of the life, for until then it does not feel itself strong and cannot quite be sure that it has vindicated its truth. It hurries into action before it has real knowledge of itself and  thereby prepares its own disappointment, even when it seems to triumph and fulfil its object. For in order to succeed, it allies itself with powers and movements which are impelled by another aim than its own, but are glad enough to get its aid so that they may strengthen their own case and claim Thus when it realises itself at last, it does it in a mixed, impure and ineffective form. Life accepts it as a partial habit, but not completely, not quite sincerely. That has been the history of every idea in succession and one reason at least why .there is almost always something unreal, inconclusive and tormented about human progress.

There are many conditions and tendencies in human life at present which are favourable to the progress of the internationalist idea. The strongest of these favourable forces is the constant drawing closer of the knots of international life, the multiplication of points of contact and threads of communication and. an increasing community in thought, in science and in knowledge. Science especially has been a great force in this direction; for science is a thing common to all men in its conclusions, open to all in its methods, available to all in its results: it is international in its very nature; there can be no such thing as a national science, but only the nations' contributions to the work and growth of science which are the indivisible inheritance of all humanity. Therefore it is easier for men of science or those strongly influenced by science to grow into the international spirit and all the world is now beginning to feel the scientific influence and to live in it.

pour lui donner corps; telle est sa force. Mais aussi, l'idée pure, jusqu'à ce qu'elle ait revêtu une forme vivante, semble à l'homme ne pas être tout à fait réelle, parce qu'il vit à présent plus au-dehors qu'au-dedans, qu'il est gouverné surtout par son existence vitale, ses sensations, ses sentiments et sa mentalité coutumière, plutôt que par sa pensée supérieure, et parce que c'est dans les premiers qu'il se sent réellement vivre, exister et être, tandis que le monde des idées est pour lui lointain et abstrait, et quoique puissant et intéressant à sa manière, que ce n'est pas un monde vivant. C'est dans cette abstraction et cet éloignement que se trouve la faiblesse de l'idée pure.

Le sens de ce caractère abstrait, impose à l'idée une hâte injustifiée de se faire reconnaître par la vie et de revêtir une forme. Si elle pouvait avoir confiance dans sa force et se contenter de croître, d'insister et de faire pression, jusqu'à ce qu'elle ait bien pénétré dans l'esprit de l'homme, on conçoit qu'elle puisse devenir une part réelle de la vie de l'âme, un pouvoir permanent dans la psychologie, et qu'elle réussisse à remodeler toute la vie à son image. Mais elle a inévitablement le désir d'être admise aussitôt que possible dans une forme de la vie, car jusqu'alors elle ne se sent pas forte, ni tout à fait sûre d'avoir prouvé sa vérité. Elle se précipite dans l'action avant d'avoir la connaissance réelle d'elle-même, et ainsi elle prépare sa propre déception, cela même quand elle semble triompher et accomplir son objet. En effet, pour réussir, elle s'allie à des pouvoirs et à des mouvements obéissant à d'autres buts que le sien, mais suffisamment heureux d'obtenir son aide, afin de fortifier leur propre cas et leurs revendications. Ainsi quand enfin elle se réalise, elle le fait sous une forme mélangée, impure et inefficace. La vie l'accepte partiellement dans ses habitudes, mais pas complètement, ni sincèrement. Telle a été l'histoire de chaque idée l'une après l'autre et c'est au moins une raison de ce qu'il y a presque toujours d'irréel, d'incomplet et de tourmenté dans le progrès humain.

À présent, il y a dans la vie humaine beaucoup de conditions et de tendances favorables au progrès de l'idée internationaliste. La plus puissante de ces forces favorables est le constant resserrement des nœuds de la vie internationale, la multiplication des

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Science also has created that closer contact of every part of the world with every other part, out of which some sort of international mind is growing. Even cosmopolitan habits of life are now not uncommon and there are a fair number of persons who are as much or more citizens of the world as citizens of their own nation. The growth of knowledge is interesting the people in each other's art, culture, religion, ideas and is breaking down at many points the prejudice, arrogance and exclusiveness of the old nationalistic sentiment. Religion, which ought to have led the way, but owing to its greater dependence on its external parts and its infrarational rather than its spiritual impulses, has been as much, or even more, a sower of discord as a teacher of unity,—religion is beginning to realise, a little dimly and ineffectively as yet, that spirituality is after all its own chief business and true aim and that it is also the common element and the common bond of all religions. As these influences grow and come more and more consciously to co-operate with each other, it might be hoped that the necessary psychological modification will quietly, gradually, but still irresistibly and at last with an increasing force of rapidity, take place which can prepare a real and fundamental change in the life of humanity.

But this is at present a slow process, and meanwhile the internationalist idea, eager for effectuation, allied and almost identified itself with two increasingly powerful movements which have both assumed an international character. Socialism and Anarchism. Indeed, it is this alliance that most commonly went by the name of internationalism. But this socialistic and anarchistic internationalism was recently put to the test, the fiery test of the European war, and thus tried, it was found sadly wanting. In every country, the Socialist party shed its internationalist y promise with the greatest ease and lightness, German socialism, the protagonist of the idea, massively leading the way in this formidable abjuration. It is true that a small minority in each country either remained heroically faithful to its principles or soon returned to them, and as the general weariness of the great international massacre grew, even the majority showed a sensible turn in the same direction; but this was rather the fruit of circumstance

points de contact et des lignes de communication, et une communauté croissante dans la pensée, la science et la connaissance. La science spécialement a agi avec une grande force dans cette direction, car la science est commune à tous les hommes dans ses conclusions, ouverte à tous dans ses méthodes, accessible à tous dans ses résultats. Par sa nature même, elle est internationale, il ne peut y avoir de sciences nationales, mais seulement les contributions des nations à l'oeuvre et au développement de la science, qui forment l'héritage indivis de toute l'humanité. Il est par suite plus facile aux hommes de science ou à ceux qui sont fortement influencés par la science, de croître dans l'esprit international, et maintenant le monde tout entier commence à sentir l'influence scientifique et à vivre en elle. La science a créé aussi un contact plus proche de chaque partie du monde avec toutes les autres parties, grâce à quoi une sorte de mentalité internationale est en formation. Des habitudes de vie cosmopolites sont même devenues assez fréquentes, et bon nombre de gens sont autant ou davantage citoyens du monde qu'ils ne sont citoyens de leur propre pays. L'accroissement de la connaissance intéresse les peuples à l'art, à la culture, à la religion et aux idées des autres peuples, et elle brise sur bien des points les préjugés, l'arrogance et l'exclusivité du vieux sentiment nationaliste. La religion aurait dû montrer le chemin; mais parce qu'elle dépend plus de ses formes extérieures, et des impulsions infrarationnelles plutôt que des spirituelles, elle a été autant et même davantage un semeur de discorde qu'un instructeur d'unité. Elle commence pourtant à comprendre, encore un peu vaguement et ineffectivement, que la spiritualité est après tout sa raison d'être principale et son but véritable, et que c'est aussi l'élément commun et le lien commun de toutes les religions. On peut espérer qu'à mesure que ces influences progressent et en arrivent de plus en plus consciemment à coopérer, la modification psychologique nécessaire se produira d'une façon tranquille, graduelle, mais cependant irrésistible, et à la fin, avec une rapidité croissante, et qu'ainsi se préparera le changement réel et fondamental dans la vie de l'humanité.

Pour le moment toutefois, c'est un procédé lent, et en attendant, l'idée internationaliste, impatiente d'accomplissement,

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than of principle. Russian socialism, it may be said, has, at least in its extremer form, shown a stronger root of internationalistic feeling. But what it has actually attempted to accomplish is a development of Labour rule on the basis of a purified nationalism, non-aggressive except for revolutionary purposes and self-contained, and not on the larger international idea. In any case, the actual results of the Russian attempt show only up to the present
a failure of the idea to acquire the vital strength and efficiency which would justify it to life; it is possible to use them much more as a telling argument against internationalism than as a Justification of its truth or at least of its applicability in the present stage of human progress. .

But what is the cause of this almost total bankruptcy of the international ideal under the strong test of life? Partly it may be because the triumph of socialism is not necessarily bound up with the progress of internationalism. Socialism is really an attempt to complete the growth of the national community by making the individual do what he has never yet done, live for the community more than for himself. It is an outgrowth of the . national, not of the international idea. No doubt, when the society of the nation has been perfected, the society of nations can and even must be formed, but this is a later possible or eventual result of Socialism, not its primary vital necessity. In the crises of life it is the primary vital necessity which tells, while the other and remoter element betrays itself to be a mere idea not yet ready for accomplishment; it can only become powerful when it also becomes either a vital or a psychological necessity. The real truth, the real cause of the failure is that internationalism is as yet, except with some exceptional men, merely an idea; it is not yet a thing near to our vital feelings or otherwise a part of our psychology. The normal socialist or syndicalist cannot escape from the general human feeling and in the test he too turns out, even though he were a professed sans-patrie in ordinary times, in his inner heart and being a nationalist. As a vital fact, moreover, these movements have been a revolt of Labour aided by a number of intellectuals against the established state of things, and they have only allied themselves with internationalism, because that

s'est alliée et même presque identifiée à deux mouvements qui croissent en pouvoir et ont pris tous deux un caractère international: le socialisme et l'anarchisme. En fait, c'est cette alliance que l'on connaît le plus couramment sous le nom d'internationalisme. Mais cet internationalisme socialiste et anarchiste a été récemment mis à l'épreuve, l'épreuve cuisante de la guerre européenne1, et il a lamentablement échoué. Dans chaque pays, le parti socialiste a laissé choir sa promesse internationale avec le plus de facilité et de désinvolture possible, le socialisme allemand, protagoniste de l'idée, montrant massivement le chemin dans cette formidable abjuration. Il est vrai que dans chaque pays,  une petite minorité est restée héroïquement fidèle à ses principes, ou leur est bientôt revenue, et quand se développa la lassitude générale du grand massacre international, la majorité même effectua un retour sensible dans la même direction, mais ceci a été le fruit des circonstances plutôt que des principes. On peut dire que le socialisme russe, tout au moins dans sa forme extrême, a fait preuve d'un sentiment international plus solidement enraciné. Mais ce qu'il a réellement tenté de faire est de développer la domination du prolétariat, sur la base d'un nationalisme purifié, non agressif sauf pour des fins révolutionnaires et se suffisant à lui-même, et non sur la base de l'idée internationale plus vaste. En tout cas, les résultats concrets de la tentative russe montrent seulement jusqu'à présent l'incapacité de l'idée à acquérir la force et l'efficacité vitales qui la justifieraient devant la vie. On peut les utiliser bien davantage comme des arguments convaincants contre l'internationalisme, que pour prouver sa vérité, ou tout au moins la possibilité de son application à la présente étape du progrès humain.

Quelle est donc la cause de cette banqueroute presque totale de l'idéal international sous l'épreuve sévère de la vie? En partie, cela peut être parce que le triomphe du socialisme n'est pas nécessairement lié au progrès de l'internationalisme. Le socialisme est réellement un essai de parachever la croissance de la communauté nationale en faisant faire à l'individu ce qu'il n'a jamais

 

1 La première guerre mondiale 1914-18 (N. du T.). 

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too is an intellectual revolt and because its idea helps them in the battle. If  Labour comes to power, will it keep or shed its internationalistic tendencies? The experience of countries in which it is or has been at the head of affairs does not give an encouraging answer, and it may at least be said that, unless at that time the psychological change in humanity has gone much farther than it has now. Labour in power is likely to shed more of the internationalist feeling than it will succeed in keeping and to act very much from the old human motives.

No doubt, the European war itself was an explosion of all that was dangerous and evil in successful nationalism, and the resulting conflagration may well turn out to have been a purificatory process that has burned up many things that needed to die. It has already strengthened the international idea and forced it on governments and peoples. But we cannot rely too greatly on ideas and resolutions formed in a moment of abnormal crisis under the violent stress of exceptional circumstances. Some effect there may be in the end, some first recognition of juster principles in international dealings, some attempt at a better, more rational or at least a more convenient international order. But until the idea of humanity has grown not only upon the intelligence but in the sentiments, feelings, natural sympathies and mental habits of man, the progress made is likely to be more in external adjustments than in the vital matters, more in a use of the ideal for mixed and egoistic purposes than at once or soon in a large and sincere realisation of the ideal. Until man in his heart is ready, a profound change of the world conditions cannot come; or it can only be brought about by force, physical force or else force of circumstances, and that leaves all the real work to be done. A frame may have then been made, but the soul will have still to grow into that mechanical body.

fait jusqu'à présent: vivre, pour la communauté plus que pour lui-même. C'est un prolongement de l'idée nationale et non de l'idée internationale. Sans doute, quand la société de la nation aura été perfectionnée, la société des nations pourra, et même devra être formée; mais ceci est un résultat possible éloigné ou final du socialisme, non pas sa première nécessité vitale. Or, dans les crises de la vie, c'est la première nécessité vitale qui compte, tandis que l'autre élément plus lointain laisse voir qu'il n'est qu'une simple idée, pas encore prête pour l'accomplissement; il ne peut devenir puissant que lorsqu'il devient aussi une nécessité, soit vitale, soit psychologique. La vérité réelle, la cause réelle de l'échec, est que l'internationalisme n'est encore simplement qu'une idée, sauf pour un petit nombre d'hommes exceptionnels. Il n'est pas encore proche de nos sentiments vitaux et n'est pas entré, d'une autre façon, dans notre psychologie. Le socialiste ou le syndicaliste normal ne peut échapper au sentiment humain .général, et, mis à l'épreuve, même s'il faisait profession en temps ordinaire d'être un sans-patrie, lui aussi se montre nationaliste ;dans son cœur et son être intime. Dans le fait vital d'ailleurs, ces mouvements ont été une révolte de la classe ouvrière, aidée par un certain nombre d'intellectuels, contre l'état de choses l'établi, et ils se sont alliés à l'internationalisme seulement parce que lui aussi est une révolte intellectuelle et parce que son idée îles aide dans la lutte. Si la classe ouvrière arrive au pouvoir, gardera-t-elle ses tendances internationales ou les perdra-t-elle? L'expérience des pays où elle a pris la tête des affaires publiques, ne permet pas une réponse encourageante. On peut dire, pour le moins, que, si à ce moment-là le changement psychologique dans l'humanité n'est pas allé beaucoup plus loin qu'à présent, la classe ouvrière au pouvoir abandonnera probablement plus du sentiment international qu'elle ne réussira à en garder, et qu'elle agira beaucoup d'après les vieux mobiles humains.

Sans aucun doute, la guerre européenne elle-même fut une explosion de tout ce qui était mauvais et dangereux dans le nationalisme triomphant; l'embrasement qui en résulta pourrait bien  avoir été un procédé de purification pour consumer beaucoup de choses qui devaient périr. Il a déjà fortifié l'idée internationale

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CHAPTER XXXIII

INTERNATIONALISM AND HUMAN UNITY

 

THE great necessity, then, and the great difficulty is to help -B this idea of humanity which is already at work upon our minds and has even begun in a very slight degree to influence from above our actions, and turn it into something more than an idea, however strong, to make it a central motive and a fixed part of our nature. Its satisfaction must become a necessity of our psychological being, just as the family idea or the national idea has become each a psychological motive with its own need of satisfaction. But how is this to be done? The family idea had the advantage of growing out of a primary vital need in our being and therefore it had not the least difficulty in becoming a psychological motive and need; for our readiest and strongest mental motives and psychological needs are those which grow out of our vital necessities and instincts. The clan and the tribe ideas had a similar origin, less primary and compelling, and therefore looser and more dissoluble;  but still they arose from the vital necessity in human nature for aggregation and the ready basis given to it by the inevitable physical growth of the family into clan or tribe. These were natural aggregations, evolutionary forms already prepared on the animal level.

The nation idea, on the contrary., did not arise from a primary vital need, but from a secondary or even tertiary necessity which resulted not from anything inherent in our vital nature, but from circumstances, from environmental evolution; it arose not from a vital, but from a geographical and historical necessity. And we notice that as one result it had to be created most commonly by force, force of circumstances partly, no doubt, but also by physical force, by the power of the king and the conquering tribe converted into a military and dominant State. Or else it came by a reaction against force, a revolt against conquest and domination that brought a slow or sudden compactness to peoples who, though geographically or even historically and culturally one, had lacked power of cohesion and remained too conscious of an original heterogeneity or of local and regional and other divisions. But still the

et l'a imposée aux gouvernements et aux peuples. Nous ne pouvons cependant pas avoir beaucoup de confiance dans les idées et les résolutions formées à un moment de crise anormale, sous la contrainte violente de circonstances exceptionnelles. Il se peut qu'il y ait un effet à la fin, une première admission de principes plus justes dans les relations internationales, un essai d'un ordre international meilleur, plus rationnel ou, au moins, plus commode. Mais, jusqu'à ce que l'idée de l'humanité se soit imposée non seulement à l'intelligence de l'homme, mais aussi a ses sentiments, ses sensations, ses sympathies naturelles et ses habitudes mentales, le progrès accompli le sera probablement plus dans les arrangements extérieurs que dans les affaires d'importance vitale, plus dans l'emploi de l'idéal pour des fins égoïstes et mélangées que dans une réalisation vaste et sincère, immédiate ou proche, de l'idéal. Tant que l'homme n'est pas prêt dans son cœur, un changement profond dans les conditions du monde ne peut pas se produire, ou alors il ne peut être effectué que par la force, la force physique ou bien la force des circonstances, et cela laisse à faire tout le travail réel. Un cadre peut alors avoir été construit, mais l'âme aura encore à croître dans ce corps mécanique.

 

CHAPITRE XXXIII

 

L'INTERNATIONALISME ET L'UNITÉ HUMAINE

 

AINSI, la grande nécessité et la grande difficulté sont d'aider A cette idée de l'humanité, qui est déjà à l'œuvre sur notre mentalité et qui a même commencé dans une très faible mesure à influencer d'en haut nos actions, et de la changer en quelque chose de plus qu'une idée, si forte soit-elle, d'en faire un mobile central et une partie stable de notre nature. La satisfaire devenir une nécessité de notre être psychologique, tout comme l'idée de famille et celle de nation sont devenues chacune un mobile psychologique avec son propre besoin de satisfaction. Mais comment cela peut-il se faire? L'idée familiale avait l'avantage de naître d'un besoin vital primaire de notre être, et par conséquent

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necessity was there, and the nation form after many failures and false successes got into being, and the psychological motive of  patriotism, a sign of the growth of a conscious national ego, arose in the form as the expression of its soul and the guarantee of its durability. For without such a soul, such a psychological force and presence within the frame, there can be no guarantee of durability. Without it, what circumstances have created, circumstances easily will destroy. It was for this reason that the ancient world failed to create nations, except on a small scale, little clans and small regional nations of brief duration and usually of loose structure, it created only artificial empires which went to pieces and left chaos behind them.

What then of this international unity now in the first obscure throes of the preformatory state resembling a ferment of cells drawing together for amalgamation? What is the compelling necessity behind it? If we look at outward things only, the necessity is much less direct and much less compelling than any that preceded it. There is here no vital necessity; mankind as a whole can get on well enough without international unity, so far as mere living goes; it will not be at all a perfect, rational or ideal collective living of the race,—but after all where is there yet any element in human life or society which is perfect, rational or ideal? As yet at least none; still we get on somehow with life, because the vital man in us, who is the dominant element in our instincts and in our actions, cares for none of these things and is quite satisfied with any just tolerable or any precariously or partly agreeable form of living, because that is all to which he is  accustomed and all therefore that he feels to be necessary. The men who are not satisfied, the thinkers, the idealists, are always a minority and in the end an ineffectual minority, because though always in the end they do get their way partly, their victory yet turns into a defeat; for the vital man remains still the majority and degrades the apparent success into a pitiful parody of their rational hope, their clear-sighted ideal or their strong counsel of perfection.

The geographical necessity for a unification of this kind does not exist, unless we consider that it has been created through the drawing closer together of the earth and its inhabitants by Science

elle n'a pas eu la moindre difficulté à devenir un mobile et un besoin psychologiques; car nos mobiles mentaux et nos besoins psychologiques les plus prompts et les plus forts, sont ceux qui grandissent à partir de nos nécessités et de nos instincts vitaux. L'idée de clan et celle de tribu ont eu une origine semblable, moins primaire et moins irrésistible, et par suite plus lâche et plus dissoluble; mais tout de même elles sortaient de la nécessité vitale de l'agrégation, qui existe dans la nature humaine, et de la base facile qui lui était donnée par le développement physique inévitable de la famille en clan ou en tribu. Ceux-ci liaient étaient des agrégats naturels, des formes évolutives déjà préparées au niveau animal.

L'idée de nation, au contraire, ne sortit pas d'un besoin vital primaire, mais d'une nécessité secondaire et même tertiaire, qui ne résultait de rien d'inhérent à notre nature vitale, mais des circonstances, de l'évolution due au milieu. Elle naquit, non d'une nécessité vitale, mais d'une nécessité géographique et historique. Et nous observons que, comme résultat, elle dut être créée le plus souvent par la force, partiellement sans doute par la force des circonstances, mais aussi par la force physique, par le pouvoir du roi et de la tribu conquérante, convertie en un État militaire prédominant. Ou bien elle provint d'une réaction Mitre la force, d'une révolte contre la conquête et la domination, produisant une cohésion, lente ou soudaine, chez des peuples qui, tout en étant un géographiquement et même historiquement et culturellement, avaient manqué de cohésion et étaient demeurés trop conscients d'une hétérogénéité originale ou de divisions locales, régionales et autres. Cependant la nécessité existait; la forme nationale, après beaucoup d'échecs et de faux succès, naquit, et le mobile psychologique du patriotisme, signe de la croissance de l'ego national conscient, s'implanta dans la forme, comme expression de son âme et garantie de sa stabilité. Car sans cette âme, sans cette force et cette présence psychologiques dans le cadre, il ne peut y avoir aucune garantie de durée. Sans elles, ce que les circonstances ont créé, les circonstances le détruiront .facilement. C'est pour cette raison que le monde antique échoua dans la création de nations, excepté sur une petite échelle, c'est-à-dire

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and her magical lessening of physical distances and attenuation of barriers. But whatever may happen in the future, this is as yet not sufficient; earth is still large enough and her divisions still real enough for her to do without any formal unity. If there is any strong need, it may be described—if such an epithet can be applied to a thing in the present and the future—as a historical necessity, that is, a need which has arisen as the result of certain actual circumstances that have grown up in the evolution of international relations. And that need is economic, political, mechanical, likely under certain circumstances to create some tentative or preliminary framework, but not at first a psychological reality which will vivify the frame. Moreover, it is not yet sufficiently vital to be precisely a necessity, for it amounts mainly to a need for the removal of certain perils and inconveniences, such as the constant danger of war, and at most to the strong desirability of a better international co-ordination. But by itself this creates only a possibility, not even a moral certainty, of a first vague sketch and loose framework of unity which may or may not lead to something more close and real.

But there is another power than that of external circumstance which we have a right to take into consideration. For behind all the external circumstances and necessities of which we are more easily aware in Nature, there is always an internal necessity in the being, a will and a design in Nature itself which precedes the outward signals of its development and in spite of all obstacles and failures must in the long end inevitably get itself realised. Nowadays we can see this truth everywhere in Nature down to her lowest forms, a will in the very seed of the being, not quite conscious or only partially conscious in the form itself, but still present there in Nature. It is subconscious or even inconscient if you like, but it is still a blind will, a mute idea which contains beforehand the form it is going to create, is aware of a necessity other than the environmental, a necessity contained in the very being itself, and creates persistently and inevitably a form that best answers to the necessity, however we may labour to interfere with or thwart its operations. 

This is true biologically, but it is also, though in a more subtle

dans de petits clans et de petites nations régionales de courte durée et généralement de structure imprécise; il a créé seulement des empires artificiels qui se désagrégèrent et laissèrent un chaos derrière eux.

Que dire de l'unité internationale, qui est maintenant dans les premières douleurs obscures d'un état prénatal ressemblant au bouillonnement des cellules attirées les unes vers les autres pour s'amalgamer? Quelle est la nécessité inéluctable qui la meut? Si nous regardons seulement les choses extérieures, la nécessité est beaucoup moins directe et beaucoup moins compulsive qu'aucune des précédentes. Il ne s'agit d'aucune nécessité vitale, en ce qui concerne la simple existence, l'humanité dans son ensemble peut très bien se tirer d'affaire sans unité internationale. Ce ne sera pas du tout une existence collective parfaite, rationnelle et idéale; mais, après tout, où y a-t-il actuellement un élément de la vie ou de la société humaine qui soit parfait, rationnel ou idéal? Pour le moment au moins, il n'y en a pas. Et cependant nous nous accommodons tant bien que mal de la vie, parce que l'homme vital en nous, qui est l'élément dominant de nos instincts et de nos actions, se soucie peu de ces choses et qu'il se satisfait pleinement de toute forme d'existence si elle est tout juste tolérable, ou momentanément ou partiellement agréable; car c'est tout ce à quoi il est habitué et par suite tout ce qu'il sent comme nécessaire. Les hommes qui ne sont pas satisfaits, les penseurs, les idéalistes, sont toujours une minorité, et finalement une minorité dont les efforts n'aboutissent pas, parce que, bien qu'ils finissent toujours par obtenir partiellement ce qu'ils veulent, leur victoire se change tout de même en défaite; car l'homme vital demeure la majorité et dégrade leur succès apparent en une parodie misérable de leur espoir raisonné, de leur idéal clairvoyant et de leur ferme conseil de perfection.

La nécessité géographique d'une unification de ce genre n'existe pas, à moins que nous ne considérions qu'elle ait été créée par le rapetissement de la terre et le rapprochement de ses habitants grâce à la science, à sa réduction magique des distances physiques et à son atténuation des barrières. Mais, sans augurer de ce qui peut se produire à l'avenir, ceci n'est pas encore suffisant;

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and variable way, psychologically true. Now the very nature of man is that of an individual who on one side is always emphasising and developing his individual being to the extent of his power but who is also driven by the Idea or Truth within  him to unify himself with others of his species, to join himself to them or agglutinate them to him, to create human groups, aggregates and collectivities. And if there is an aggregate or collectivity which it is possible for him to realise but is not yet realised, we may be sure that that too in the end he will create. This will in him is not always or often quite conscient or foreseeing; it is often largely subconscient, but even then it is eventually irresistible. And if it gets into his conscious mind, as the international idea has now done, we may count on a more rapid evolution. Such a will in Nature creates for itself favourable external circumstances and happenings or finds them i created for it in the stress of events. And even if they are insufficient, she will still often use them beyond their apparent power of effectivity, not minding the possibility of failure, for she knows that in the end she will succeed and every experience of failure will help to better the eventual success.

Well then, it may be said, let us trust to this inevitable will in Nature and let us follow out her method of operation. Let us create anyhow this framework, any framework of the aggregate; for she i knows already the complete form she intends and she will work out eventually in her own time by the power of the idea and our will , to realise it, by help of strong force of circumstances, by pressure of  all kinds, by physical force even, if need be, since that too seems still to be a part of her necessary machinery; let us create it. Let us have the body; the soul will grow in the body. And we need not mind if the bodily formation is artificial with at first a small or no conscious psychological reality to vivify it. That will begin to form itself as soon as the body has been formed; for the nation too was at first more or less artificially formed out of incoherent elements actually brought together by the necessity of a subconscient idea, though apparently it was done only by physical force and the force of circumstances. As a national ego formed which identified itself with the geographical body of the nation and developed in it the psychological instinct of national unity and the need of its satisfaction,

la terre est toujours assez vaste et ses divisions assez réelles pour 1 qu'elle puisse se passer d'une unité formelle. S'il existe un besoin pressant, on peut le décrire, si l'épithète s'applique à une chose présente et future, comme une nécessité historique, c'est-à-dire un besoin résultant de certaines circonstances actuelles, qui sont elles-mêmes nées de l'évolution des relations internationales. Et ce besoin est économique, politique, mécanique, il est capable dans certaines circonstances de créer un cadre expérimental préliminaire, mais non au début une réalité psychologique qui animerait le cadre. De plus, il n'est pas encore suffisamment vital pour être précisément une nécessité; car il se réduit principalement au besoin d'écarter certains périls et certaines incommodités, tels que le danger constant de la guerre, et au mieux au fort désir d'une meilleure coordination internationale. Tout cela en soi crée seulement la possibilité, même pas la certitude morale, d'une première esquisse vague et d'une ossature imprécise d'unité, lesquelles peuvent mener, ou ne pas mener, à quelque chose de plus compact et de plus réel.

Mais il existe un autre pouvoir que celui des circonstances extérieures, et nous avons le droit de le prendre en considération. En effet, derrière toutes les circonstances et les nécessités extérieures dont nous sommes facilement conscients dans la Nature, il y a toujours une nécessité intérieure dans l'être, une volonté et un dessein dans la Nature elle-même; ils précèdent les signes externes de leur développement et, en dépit de tous les obstacles et de tous les échecs, ils doivent, à la fin, se réaliser inévitablement. A présent, nous pouvons voir cette vérité partout dans la Nature, jusque dans ses formes les plus basses: une volonté dans le germe même de l'être, qui n'est pas entièrement consciente dans la forme elle-même, ou n'y est que partiellement consciente, mais qui est cependant présente là, dans la Nature. Elle est subconsciente, ou même inconsciente si l'on veut, mais c'est tout de même une volonté aveugle, une idée muette, qui contient à l'avance la forme qu'elle va créer, qui perçoit une nécessité autre que celle du milieu, une nécessité contenue dans l'être lui-même, et qui crée, de façon persistante et inévitable, la forme qui répond le mieux à la nécessité, quelque effort que

 

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so a collective human ego will develop in the international body and will evolve in it the psychological instinct of human unity and the need of its satisfaction. That will be the guarantee of duration. And that possibly is how the thing will happen, man being what he is; indeed if we cannot do better, it will so happen, since happen somehow it must, whether in the worse way or the better.

It may be as well to review here briefly in the light of this consideration the main possibilities and powers which are shaping us towards such an end in the present world condition. The old means of unification, conquest by a single great Power, which would reduce part of the world by force and bring the remaining nations into the condition of dependencies, protectorates and dependent allies, the whole forming the basic structure of a great final unification,—this was the character of the ancient Roman precedent,— does not seem immediately possible. It would require a great pre dominance of force simultaneously by sea and land,¹ an irresistibly superior science and organisation and with all this a constantly successful diplomacy and an invincible good fortune. If war and diplomacy are still to be the decisive factors in international politics in the future as in the past, it would be rash to predict that such a combination may not arise, and if other means fail, it must arise; for there is nothing that can be set down as impossible in the chances of the future, and the urge in Nature always creates its own means. But, at present, the possibilities of the future do not seem to point in this direction. There is, on the other hand, a very strong possibility of the whole earth, or at least the three continents of the eastern hemisphere, being dominated by three or four great empires largely increased in extent of dominion, spheres of influence, protectorates, and thereby exercising a pre-eminence which they could either maintain by agreements, avoiding all causes of conflict, or in a rivalry which would be the cause of fresh wars and changes. This would normally have been the result of the great European conflict.

But there has struck across this possibility a revived strength of the idea of nationality expressed in the novel formula of the

 

¹ Now also by air.

nous fassions pour intervenir dans ses opérations ou les contrarier.

Ceci est vrai biologiquement, mais c'est aussi vrai psychologiquement, quoique d'une façon plus subtile et plus variable. Or, la nature même de l'homme est celle d'un individu qui, d'un côté, met toujours en relief et développe son être individuel à la limite de son pouvoir, mais qui, de l'autre côté, est aussi poussé par l'idée ou la vérité au-dedans de lui, à s'unifier avec les autres de son espèce, à se Joindre à eux ou à se les agréger, pour créer des groupes, des collectivités ou des agrégats humains. Et s'il y a un agrégat ou une collectivité qu'il lui est possible de réaliser, mais qui ne le soit pas encore, nous pouvons être certains que cet agrégat aussi il le créera finalement. Cette volonté en lui n'est pas toujours, ni même pas souvent, tout à fait consciente ou prévoyante; elle est fréquemment largement subconsciente, mais même alors, elle est à la fin irrésistible. Et lorsqu'elle s'installe dans la mentalité consciente, comme l'a fait maintenant l'idée internationale, nous pouvons escompter une évolution plus rapide. Une telle volonté de la Nature se crée des circonstances et des événements extérieurs favorables, ou bien elle les trouve créés pour elle par la force des conjonctures. Et même s'ils ne sont pas suffisants, la volonté les utilisera souvent au-delà de leur pouvoir efficace apparent, sans se soucier de la possibilité de l'échec, car elle sait qu'à la fin elle réussira et que chaque expérience d'insuccès aidera à améliorer le succès final.

Eh bien alors, pouvons-nous dire, ayons confiance dans cette volonté fatale de la Nature, et conformons-nous à son mode 'd'action. Créons n'importe comment l'ossature, une ossature quelconque, pour l'agrégat, car la Nature connaît déjà la forme complète qu'elle projette et qu'elle produira finalement à son heure, par le pouvoir de l'idée et par notre volonté de la réaliser, par l'aide puissante de la force des circonstances, par des pressions de tous genres, même par la force physique, s'il le faut, puisque cela aussi semble encore faire partie du mécanisme qui lui est nécessaire. Créons le corps; l'âme croîtra dans le corps. Et ne nous préoccupons pas de ce que la formation corporelle soit artificielle, de ce qu'elle n'ait au début, pour la vivifier, qu'une toute petite réalité psychologique consciente, ou même aucune.

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principle of self-determination to which the great world-empires have had to pay at least a verbal homage. The idea of international unity to which this intervention of the revived force of nationality is leading, takes the form of a so-called League of Nations. Practically, however, the League of Nations under present conditions or any likely to be immediately realised would still mean the control of the earth by a few great Powers,—a control that would be checked only by the necessity of conciliating the sympathy and sup port of the more numerous smaller or less powerful nations. On the force and influence of these few would rest practically, if not admittedly, the decision of all important debatable questions. And without it there could be no chance of enforcing the decisions of the majority against any recalcitrant great Power or combination of Powers. The growth of democratic institutions would perhaps help to minimise the chances of conflict and of the abuse of power, —though that is not -at all certain, but it would not alter this real character of the combination.

In all this there is no immediate prospect of any such form of unification as would give room for a real psychological sense of unity, much less necessitate its growth. Such a form might evolve, but we should have to trust for it to the chapter of accidents or at best to the already declared urge in Nature expressed in the inter nationalist idea. On that side, there was at one time a possibility which seemed to be very suddenly and rapidly growing into some thing more, the emergence of a powerful party in all the advanced countries of the world pledged to internationalism, conscious of its necessity as a first condition for their other aims and more and more determined to give it precedence and to unite internationally to bring it about. That combination of the intellectuals with Labour which created the Socialist parties in Germany, Russia and Austria, formed anew recently the Labour party in England and has had its counterparts in most other European countries, seems to be travel ling in that direction. This world-wide movement which made internationalism and Labour rule its two main principles, had already created the Russian revolution and seemed ready to bring about another great socialistic revolution in central Europe. It was conceivable that this party might everywhere draw together.

Cette réalité commencera à se former dès que le corps aura été créé; la nation aussi s'est formée tout d'abord plus ou moins artificiellement à partir d'éléments incohérents, rassemblés en fait par la nécessité d'une idée subconsciente, quoique en apparence cela ait été seulement par la force physique et par celle des circonstances. De la même façon que l'ego national s'est formé et identifié au corps géographique de la nation, y développant l'instinct psychologique de l'unité nationale et le besoin de satisfaire cet instinct, un ego humain collectif se développera dans le corps international et suscitera en lui l'instinct psychologique de l'unité humaine, et le besoin de satisfaire cet instinct. Ce sera la garantie de durée. Et, l'homme étant ce qu'il est, c'est ainsi que les choses se passeront probablement. En vérité, si nous ne pouvons pas faire mieux, c'est ce qui arrivera, puisque cela doit arriver d'une manière ou d'une autre, que ce soit la pire ou la meilleure.

Il peut être bon de passer ici brièvement en revue, à la lumière de ces considérations, les possibilités et les puissances principales qui, dans les présentes conditions mondiales, nous façonnent en vue de cette fin. L'ancien moyen d'unification ne semble pas immédiatement possible: la conquête par une seule grande Puissance, qui soumettrait une partie du monde par la force et réduirait les autres nations à la condition de dépendances, de protectorats ou d'alliés subordonnés, le tout formant la structure de base d'une grande unification finale; tel était le caractère du précédent fourni par l'ancienne Rome. Cela exigerait une grande prépondérance de force simultanément sur mer et sur terre,1 une science et une organisation d'une supériorité irrésistible et avec tout cela une diplomatie en constant succès et une bonne fortune invincible. Si la guerre et la diplomatie doivent rester dans l'avenir, comme elles le furent dans le passé, les facteurs décisifs en matière de politique internationale, il serait téméraire de prédire qu'une semblable combinaison ne peut pas se produire. Et si les autres moyens échouent, elle se produira; car il n'y a rien que l'on doive écarter comme impossible dans les hasards de l'avenir, et l'élan de la

 

1 Maintenant aussi dans les airs.

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By a chain of revolutions such as took place in the nineteenth century and of less violent but still rapid evolutions brought about by the pressure of their example, or even by simply growing into the majority in each country, the party might control Europe. It might create counterparts of itself in all the American republics and in Asiatic countries. It might by using the machinery of the League of Nations or, where necessary, by physical force or eco nomic or other pressure persuade or compel all the nations into some more stringent system of international unification. A World State or else a close confederation of democratic peoples might be created with a common governing body for the decision of principles and for all generally important affairs or at least for all properly international affairs and problems; a common law of the nations might grow up and international courts to administer it and some kind of system of international police control to maintain and enforce it. In this way, by the general victory of an idea. Socialism seeking to organise humanity according to its own model or by any other yet unforeseen way, a sufficient formal unity might come into existence.

The question then arises, how out of this purely formal unity a real psychological unity can be created and whether it can be made a living oneness. For a mere formal, mechanical, administrative, political and economic union does not necessarily create a psychological unity. None of the great empires have yet succeeded in doing that, and even in the Roman where some sense of unity did come into being, it was nothing very close and living, it could not withstand all shocks from within and without, it could not pre vent what was much more dangerous, the peril of decay and devitalisation which the diminution of the natural elements of free variation and helpful struggle brought with it. A complete world-union would have indeed this advantage that it would have no need to fear forces from without, for no such forces would any longer exist. But this very absence of outer pressure might well give greater room and power to internal elements of disintegration and still more to the opportunities of decay. It might indeed for a long time foster an internal intellectual and political activity and social progress which would keep it living, but this principle of progress

Nature crée toujours ses propres moyens. Mais, pour le moment, les possibilités futures ne semblent pas s'orienter de ce côté. Il y a par contre une très forte possibilité pour que toute la terre, ou au moins les trois continents de l'ancien monde, soient dominés par trois ou quatre grands empires ayant considérablement étendu leur domination, leurs sphères d'influence, leurs protectorats; par là, ils jouiraient d'une prépondérance qu'ils pourraient maintenir soit par des accords, évitant ainsi toute cause de conflit, soit dans une rivalité qui engendrerait de nouvelles guerres et de nouveaux changements. Normalement ceci aurait dû être le résultat du grand conflit européen.

Mais cette possibilité a été contrariée par la force renouvelée de l'idée de nationalité, s'exprimant dans la formule nouvelle du principe de libre disposition de soi, principe auquel les grands empires mondiaux ont dû payer un hommage au moins verbal. La forme d'unité internationale vers laquelle conduit cette intervention de la force revivifiée des nationalités est celle d'une prétendue Ligue des Nations. En pratique cependant la Ligue des Nations dans les conditions présentes, ou toutes autres qui pourraient se réaliser immédiatement, signifierait encore la maîtrise de la terre par un petit nombre de grandes Puissances—une maîtrise qui ne serait tempérée que par la nécessité de se concilier la sympathie et le soutien des nations plus petites ou moins puissantes, mais plus nombreuses. La décision, dans toutes les questions importantes en litige, reposerait pratiquement, sinon de l'aveu général, sur la force et l'influence de ce petit nombre. Et sans celles-ci, il n'y aurait aucune chance d'imposer les décisions de la majorité sur une grande Puissance récalcitrante ou une combinaison de Puissances. La croissance des institutions démocratiques contribuerait peut-être à diminuer les chances de conflit et les abus de pouvoir, quoique cela ne soit pas du tout certain; mais elle ne pourrait pas modifier le caractère réel de la combinaison.

Dans tout ceci, on ne voit aucune perspective immédiate d'une forme d'unification qui puisse préparer la venue d'un sens psychologique vrai d'unité, encore moins qui rendrait sa croissance nécessaire. Une telle forme peut se développer; mais pour cela, il nous faudrait compter sur une série d'accidents, ou au mieux sur l'impulsion

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would not be always secure against a natural tendency to exhaustion and stagnation which every diminution of variety and even the very satisfaction of social and economic well-being might well hasten. Disruption of unity would then be necessary to restore humanity to life. Again, while the Roman Empire appealed only to the idea of Roman unity, an artificial and accidental principle, this World State would appeal to the idea of human unity, a real and vital principle. But if the idea of unity can appeal to the human mind, so too can the idea of separative life, for both address themselves to vital instincts of his nature. What guarantee will there be that the latter will not prevail when man has once tried unity and finds perhaps that its advantages do not satisfy his whole nature? Only the growth of some very powerful psychological factor will make unity necessary to him, whatever other changes and manipulations; might be desirable to satisfy his other needs and instincts.

 The formal unification of mankind would come in upon us in the shape of a system which would be born, grow, come to its culmination. But every system by the very nature of things tends after its culmination to decay and die. To prevent the organism decaying and dying there must be such a psychological reality within as will persist and survive all changes of its body. Nations have that in a sort of collective national ego which persists through all vital changes. But this ego is not by any means self-existent and immortal, it supports itself on certain things with which it is identified. There is the geographical body, the country, the common interests of all who inhabit the same country, defence, economic well-being and progress, political liberty; thirdly, a common name, sentiment, culture. But we have to mark that this national ego owes its life to the coalescence of the separative instinct and the instinct of unity; for the nation feels itself one as distinguished from other nations; it owes its vitality to interchange with them and struggle with them in all the activities of its nature. Nor are all these altogether sufficient; there is a deeper factor. There must be a sort of religion of country, a constant even if not always explicit recognition not only of the sacredness of the physical mother, the land, but also, in how ever obscure a way, of the nation as a collective soul which it is the first duty and need of every man to keep alive, to defend from suppression

déjà manifeste dans la Nature et s'exprimant par l'idée internationaliste. De ce coté, une possibilité s'est déclarée à un certain moment et semblait croître soudain et rapidement en quelque chose de plus; c'était l'apparition dans tous les pays avancés du monde, d'un parti puissant voué à l'internationalisme, conscient de sa nécessité comme d'une condition première de tout autre but, et de plus en plus déterminé à lui donner la préséance et à s'unir internationalement afin de le réaliser. La combinaison des intellectuels avec la classe ouvrière, qui créa les partis socialistes d'Allemagne, de Russie et d'Autriche, et récemment forma à nouveau le parti Travailliste en Angleterre, avec des contreparties dans la plupart des autres pays européens, semble pousser dans cette direction. Ce mouvement mondial, qui faisait de l'internationalisme et de la domination de la classe ouvrière ses deux principes essentiels, avait déjà engendré la révolution russe et semblait sur le point de déclencher une autre grande révolution sociale en Europe Centrale. On pouvait concevoir que ce parti se rassemblerait partout. Par une chaîne de révolutions, comme celles qui prirent place au dix-neuvième siècle, et d'évolutions, moins violentes mais encore rapides, suscitées par la pression de leur exemple, ou même simplement en devenant la majorité dans chaque pays, le parti pourrait dominer l'Europe. Il pourrait se créer des répliques dans toutes les républiques américaines et dans les pays asiatiques. Il pourrait, en se servant du mécanisme de la Ligue des Nations, ou s'il le fallait, par la force physique ou par la pression économique ou autre, persuader ou contraindre toutes les nations -d'adopter un système plus strict d'unification internationale. Un État mondial, ou une confédération étroite de peuples démocratiques, pourrait être ainsi créé, avec un corps gouvernant commun pour décider des principes et pour s'occuper de toutes les affaires d'une importance générale, ou au moins pour les affaires et les problèmes proprement internationaux. Une loi commune des nations pourrait se développer, avec des tribunaux internationaux pour l'appliquer et un genre de système de contrôle policier international pour la maintenir et l'imposer. De cette façon, par la victoire générale d'une idée, l'idée socialiste ou une autre, cherchant à organiser l'humanité en accord avec son modèle

 

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or mortal attaint or, if suppressed, then to watch, wait and struggle for its release and rehabilitation, if sicklied, over with the touch of any fatal spiritual ailment, then to labour always to heal and revivify and save alive.

The World-State will give its inhabitants the great advantages of peace, economic well-being, general security, combination for intellectual, cultural, social activity and progress. None of these are in themselves sufficient to create the thing needed. Peace and security we all desire at present, because we have them not in sufficiency, but we must remember that man has also within him the need of combat, adventure, struggle, almost requires these for his growth and healthy living, that instinct would be largely suppressed by a universal peace and a flat security and it might rise up success fully against: suppression. Economic well-being by itself cannot permanently satisfy and the price paid for it might be so heavy as to diminish its appeal and value. The human instinct for liberty, individual and national, might well be a constant menace to the World-State, unless it so skilfully arranged its system as to give them sufficient free play. A common intellectual and cultural activity and progress may do much, but need not by themselves be sufficient to bring into being the fully powerful psychological factor that would be required. And the collective ego created would have to rely on the instinct of unity alone; for it would be in conflict with the separative instinct which gives the national ego half its vitality.  

It is not impossible that the indispensable inner factor for this outer frame might be increasingly created, in its very process of growth, but certain psychological elements would have to be present in great strength. There would be needed, to make the change persist, a religion of humanity or an equivalent sentiment much more powerful, explicit, self-conscious, universal in its appeal than the nationalist's religion of country; the clear recognition by man in all his thought and life of a single soul in humanity of which each man and each people is an incarnation and soul-form; an ascension of man beyond the principle of ego which lives by separativeness,—and yet there must be no destruction of individuality, for without that man would stagnate; a principle and arrangement

propre, ou par tout autre moyen encore imprévu, une unité suffisamment formelle naîtrait.

Une question se pose alors: comment créer, à partir de cette unité purement formelle, une unité psychologique réelle, et comment la rendre un tout vivant? Car la simple union formelle, mécanique, administrative, politique et économique ne crée pas nécessairement l'unité psychologique. Aucun des grands empires n'a encore réussi à le faire. Même dans l'Empire Romain où existait un certain sens d'unité, celui-ci n'était ni très étroit ni très vivant, il s'est montré incapable de résister aux chocs du dehors et du dedans, et, ce qui était beaucoup plus dangereux, il n'a pu éviter le péril de décadence et de dépérissement, causé par la diminution des éléments naturels de libre variation et de lutte bienfaisante. Une union mondiale complète aurait, en fait, l'avantage de n'avoir pas à craindre les forces du dehors, car ces forces n'existeraient plus. Mais l'absence même de pression du dehors pourrait bien donner une place et un pouvoir plus grands aux éléments intérieurs de désintégration, et encore davantage aux occasions de décadence. En vérité, cette union pourrait entretenir pendant longtemps une activité intérieure intellectuelle et politique et un progrès social qui la garderaient vivante, mais le principe de progrès ne resterait pas toujours à l'abri de la tendance naturelle à l'épuisement et à la stagnation; cette tendance serait hâtée par toute diminution de variété et même par la simple satisfaction du bien-être social et économique. La dislocation de l'unité deviendrait alors nécessaire pour rendre vie à l'humanité. D'autre part, tandis que l'Empire Romain s'adressait seulement à l'idée de l'unité romaine, principe artificiel et accidentel, cet État mondial s'adresserait à l'idée de l'unité humaine, principe réel et vital. Mais si l'idée de l'unité peut plaire à l'esprit humain, l'idée de vie séparée le peut aussi, car toutes deux s'adressent à, des instincts vitaux de sa nature. Quelle garantie peut-on avoir que la seconde n'aura pas le dessus quand l'homme aura fait l'essai de l'unité et aura trouvé, peut-être, que les avantages qu'elle présente ne donnent pas satisfaction à sa nature entière? C'est seulement la croissance d'un facteur psychologique très puissant qui lui rendra nécessaire l'unité, quels que soient les autres changements

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of the common life which would give free play to the individual variation, interchange in diversity and the need of adventure and conquest by which the soul of man lives and grows great, ac sufficient means of expressing ail the resultant complex life as growth in a flexible and progressive form of human society.

 


Suite de la page 47

ou manipulations qui paraissent désirables pour satisfaire ses autres instincts et ses autres besoins.

L'unification formelle de l'humanité se présente à nous sous la forme d'un système qui naîtrait, croîtrait, et atteindrait son apogée. Mais, par la nature même des choses, tous les systèmes tendent, après leur apogée, à la décadence et à la mort. Pour empêcher que l'organisme se décompose et meure, il doit avoir, au-dedans, une réalité psychologique capable de persister et de survivre à tous les changements du corps. Les nations la possèdent dans une sorte d'ego national collectif qui persiste à travers tous les changements vitaux. Mais cet ego n'est, d'aucune façon, doué d'une existence propre et immortelle; il se soutient par certaines choses avec lesquelles il s'identifie. Ce sont, d'abord le corps géographique, la contrée, puis, les intérêts communs de toi ceux qui habitent la même contrée, la défense, le bien-être et le progrès économiques, la liberté politique; enfin, le nom, la culture et le sentiment communs. Mais nous devons observer que cet ego national doit sa vie à la coalescence de l'instinct séparatif et de l'instinct unitif; car la nation se sent une, en tant que distincte des autres nations; elle doit sa vitalité à l'inter échange avec elles et à la lutte contre elles dans toutes les activités de sa nature. Tout cela, non plus, n'est pas suffisant; il y a un facteur plus profond. Il faut une sorte de religion du pays, une reconnaissance constante, même si elle n'est pas toujours explicite, du caractère sacré de la mère physique, la terre, et aussi, si obscurément que ce soit, de la nation en tant qu'âme collective, que c'est le premier devoir et le premier besoin de chaque homme de garder vivante; il doit la défendre contre l'étouffement ou toute autre atteinte mortelle; au cas où elle est abattue, il doit veiller, attendre, lutter pour sa

délivrance et sa réhabilitation; ou si elle languit sous le coup d'un mal spirituel fatal, il doit toujours travailler pour la sauver, la revivifier et la guérir.

L'État mondial donnera à ses habitants les grands avantages de la paix, du bien-être économique, de la sécurité générale et des conditions favorables à l'activité et au progrès intellectuels, culturels et sociaux. Aucun de ces avantages n'est en lui-même suffisant pour créer le facteur nécessaire. La paix et la sécurité, nous les désirons tous à présent, parce que nous ne les avons pas en suffisance, mais nous devons nous souvenir que l'homme a aussi en lui le besoin de combat, d'aventure, de lutte, qu'il les requiert presque, pour croître et vivre sainement. Cet instinct serait en grande partie étouffé par la paix universelle et la sécurité invariable, et il pourrait se lever avec succès contre l'étouffement. Le bien-être économique, par lui-même, ne peut satisfaire de façon permanente, et le prix peut en être si lourd qu'il en diminue l'attrait et la valeur. L'instinct humain de liberté individuelle et nationale, pourrait bien être une menace constante pour l'État mondial, à moins que ce dernier ne soit organisé si habilement qu'il lui donne un libre jeu suffisant. Une activité et un progrès intellectuels et culturels communs peuvent faire beaucoup, mais, en eux-mêmes, ils ne suffisent pas nécessairement à donner naissance au facteur psychologique en pleine puissance, qui serait requis. Ainsi l'ego collectif nouveau-né aurait à compter sur le seul instinct de l'unité, car il serait en conflit avec l'instinct séparatiste, qui donne à l'ego national la moitié de sa vitalité.

Il n'est pas impossible que le facteur intérieur indispensable à cette forme extérieure se crée progressivement dans le processus même de croissance, mais certains éléments psychologiques devraient alors être présents en grande force. Pour que le changement persiste, il faudrait une religion de l'humanité, ou un sentiment équivalent, beaucoup plus puissant, plus explicite, plus conscient, plus universel dans son attrait que la religion nationaliste du pays; la claire reconnaissance par l'homme dans toute sa pensée et sa vie, qu'une âme unique anime l'humanité et que chaque homme et chaque peuple en est une incarnation et une forme; une ascension de L'homme au-delà du principe de l'ego qui vit

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CHAPTER XXXIV

 THE RELIGION OF HUMANITY

 

A RELIGION of humanity may be either an intellectual  and sentimental ideal, a living dogma with intellectual, psychological and practical effects, or else a spiritual aspiration and rule of living, and partly the sign, partly the cause of a change of soul in humanity. The intellectual religion of humanity already to a certain extent exists, partly as a conscious creed in the minds of a few, partly as a potent shadow in the consciousness of the race. It is the shadow of a spirit that is yet unborn, but is preparing for its birth. This material world of ours, besides its fully embodied things of the present, is peopled by such powerful shadows, ghosts of things dead and the spirit of things yet unborn. The ghosts of things dead are very troublesome actualities and they now abound, ghosts of dead religions, dead arts, dead moralities, dead political theories, which still claim either to keep their rotting bodies or to animate partly the existing body of things. Repeating obstinately their sacred formulas of the past, they hypnotise backward-looking minds and daunt even the progressive portion of humanity. But there are too those unborn spirits which are still unable to take a definite body, but are already mind-born and exist as influences of which the human mind is aware and to which it now responds in a desultory and confused fashion. The religion of humanity was mind-born in the eighteenth century, the mānasa putra¹ of the rationalist thinkers who brought it forward as a substitute for the formal spiritualism of ecclesiastical Christianity. It tried to give itself a body in Positivism, which was an attempt to formulate the dogmas of this religion, but on too heavily and severely rationalistic a basis for acceptance even by an Age of Reason. Humanitarianism has been its most prominent emotional result. Philanthropy, social service and other kindred activities have been its outward expression of good works. Democracy, socialism, pacificism are to a great extent its by products or at least owe much of their vigour to its inner presence.

 ¹Mind-born child, an idea and expression of Indian Puranic cosmology.

par la séparativité, sans qu'il y ait pourtant destruction de l'individualité, car sans elle l'homme stagnerait; un principe et une organisation de la vie commune qui donnerait libre jeu à la variation individuelle, à l'inter échange dans la diversité, et au besoin d'aventure et de conquête par lesquelles l'âme de l'homme vit et grandit, enfin, des moyens suffisants pour exprimer la vie et la croissance complexes qui en résulteraient, dans une forme progressive et flexible de la société humaine.

 

CHAPITRE XXXIV

 

LA RELIGION DE L'HUMANITÉ

 

UNE religion de l'humanité peut être, soit un idéal intellectuel et sentimental, un dogme vivant ayant des effets intellectuels, psychologiques et pratiques, soit une aspiration et une règle de vie spirituelles, et partiellement le signe, partiellement la cause d'un changement dans l'âme de l'humanité. La religion intellectuelle de l'humanité existe déjà jusqu'à un certain point, en partie comme une croyance consciente dans l'esprit d'un petit nombre, en partie comme une ombre active dans la conscience de l'espèce. C'est l'ombre d'un esprit qui n'est pas encore né, mais qui se prépare à naître. Le monde matériel qui est le nôtre, en plus des choses du présent pleinement incarnées, est peuplé de semblables ombres puissantes, spectres de choses mortes et esprits de choses encore à naître. Les spectres des choses mortes sont des réalités très irritantes, et ils abondent à présent: spectres de religions mortes, d'arts morts, de moralités mortes, de théories politiques mortes, qui prétendent encore garder leurs corps pourris ou animer partiellement le corps existant des choses. Répétant obstinément les formules sacrées du passé, ils hypnotisent les esprits retardataires et intimident même la portion progressive de l'humanité. Il y a aussi ces esprits à venir qui sont encore incapables de revêtir un corps ts by défini, mais qui sont déjà nés dans le mental et existent comme des influences dont l'esprit humain est conscient et auxquelles il répond maintenant d'une façon confuse et irrégulière. La religion de

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The fundamental idea is that mankind is the godhead to be worshipped and served by man and that the respect, the service, the progress of the human being and human life are the chief duty and chief aim of the human spirit. No other idol, neither the nation, the State, the family nor anything else ought to take its place; they are only worthy of respect so far as they are images of the human spirit and enshrine its presence and aid its self manifestation. But where the cult of these idols seeks to usurp the place of the spirit and makes demands inconsistent with its service, they should be put aside. No injunctions of old creeds, religious, political, social or cultural, are valid when they go against its claims. Science even, though it is one of the chief modern idols, must not be allowed to make claims contrary to its ethical temperament and aim, for science is only valuable in so far as it helps and serves by knowledge and progress the religion of humanity. War, capital punishment, the taking of human life, cruelty of all kinds whether committed by the individual, the State or society, not only physical cruelty, but moral cruelty, the degradation of any human being or any class of human beings under whatever specious plea or in whatever interest, the oppression and exploitation of man by man, of class by class, of nation by nation and all those habits of life and institutions of society of a similar kind which religion and ethics formerly tolerated or even favoured in practice, whatever they might do in their ideal rule or creed, are crimes against the religion of humanity, abominable to its ethical mind, forbidden by its primary tenets, to be fought against always, in no degree to be tolerated. Man must be sacred to man regardless of all distinctions of race, creed, colour, nationality, status, political or social advancement. The body of man is to be respected, made immune from violence and outrage, fortified by science against disease and preventable death. The life of man is to be held sacred, preserved, strengthened, ennobled, uplifted. The heart of man is to be held sacred also, given scope, protected from violation, from suppression, from mechanisation, freed from belittling influences. The mind of man is to be released from all bonds, allowed freedom and range and opportunity, given all its means of self-training and

l'humanité naquit mentalement au dix-huitième siècle,—mânasa putra1 des penseurs rationalistes qui la proposèrent comme substitut au spiritualisme formel du Christianisme ecclésiastique. Elle essaya de se donner un corps dans le positivisme, qui fut une tentative de formuler les dogmes de cette religion, mais qui le fit sur une base trop lourdement et sévèrement rationaliste pour être acceptée même par l'Age de la Raison. L'humanitarisme a été son résultat émotionnel le plus marquant, la philanthropie, le service social et les autres activités similaires ont été l'expression extérieure de ses bonnes œuvres. La démocratie, le socialisme et le pacifisme sont dans une grande mesure ses sous-produits, ou tout au moins ils doivent à sa présence intérieure la majeure partie de leur vigueur.

L'idée fondamentale est que l'humanité est pour l'homme la divinité à adorer et à servir, et que le respect, le service, le progrès de l'être humain et de la vie humaine sont le principal devoir et le but principal de l'esprit humain. Aucune autre idole,—ni la nation, ni l'État, ni la famille, ni quoi que ce soit d'autre,—ne doit prendre sa place. Ces idoles ne sont dignes de respect que tant qu'elles sont des images de l'esprit humain, qu'elles enchâssent sa présence et aident sa manifestation. Mais lorsque leur culte cherche à usurper la place de l'esprit et montre des exigences incompatibles avec son service, il doit être mis de côté. Aucune injonction de vieilles croyances,—religieuses, politiques, sociales ou culturelles, —n'est valable quand elle est en contradiction avec ses droits. La science elle-même, quoique ce soit l'une des idoles modernes maîtresses, ne doit pas être autorisée à avoir des exigences contraires à son tempérament et à son but éthiques, car la science n'a de valeur que tant qu'elle aide et sert, par la connaissance et le progrès, la religion de l'humanité. La guerre, la peine de mort, la destruction de la vie humaine, la cruauté de tout genre, qu'elle soit commise par l'individu, l'État ou la société, non seulement la cruauté physique, mais aussi la cruauté morale, la dégradation de tout être humain, de toute classe d'êtres humains, sous quelque prétexte spécieux, ou dans quelque intérêt que ce soit, l'oppression et l'exploitation de l'homme par l'homme, de la classe par la classe, de la

 

1 Enfant né mentalement: idée et expression appartenant à la cosmologie pouranique indienne.

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self-development and organised in the play of its powers for the service of humanity. And all this too is not to be held as an abstract or pious sentiment, but given full and practical recognition in the persons of men and nations and mankind. This, speaking largely, is the idea and spirit of the intellectual religion of humanity.

One has only to compare human life and thought and feeling a century or two ago with human life, thought and feeling in the pre-war¹ period to see how great an influence this religion of humanity has exercised and how fruitful a work it has done. It accomplished rapidly many things which orthodox religion failed to do effectively, largely because it acted as a constant intellectual and critical solvent, an unsparing assailant of the thing that is and an unflinching champion of the thing to be, faithful always to the future, while orthodox  religion allied itself with the powers of the present, even of the past, bound itself by its pact with them and could act only at best as a moderating but not as a reforming force. Moreover, this religion has faith in humanity and its earthly future and can therefore aid its earthly progress, while the orthodox religions looked with eyes of pious sorrow and gloom on the earthly life of man and were very ready to bid him bear peacefully and contentedly, even to welcome its crudities, cruelties, oppressions, tribulations as a means for learning to appreciate and for earning the better life which will be given us hereafter. Faith, even an intellectual faith, must always be a worker of miracles, and tins religion of humanity, even without taking bodily shape or a compelling form or a visible means of self effectuation, was yet able to effect comparatively much of what it set out to do. It, to some degree, humanised society, humanised law and punishment, humanised the outlook of man on man, abolished legalised torture and the cruder forms of slavery, raised those who were depressed and fallen, gave large hopes to humanity, stimulated philanthropy and charity and the service of mankind, encouraged everywhere the desire of freedom, put a curb on oppression and greatly minimised its more brutal expressions. It had almost succeeded in humanising war and would

 

¹  The first world-war

nation parla nation, et toutes les habitudes de vie et les institutions sociales d'un genre similaire que la religion et la morale ont tolérées auparavant ou même favorisées en pratique,—quoi qu'elles puissent faire dans leur règle ou leur croyance idéales,—sont des crimes contre la religion de l'humanité. Abominables à son esprit éthique, interdits par ses principes primordiaux, ils doivent être toujours combattus et jamais, à aucun degré, tolérés. L'homme doit être sacré pour l'homme, indépendamment de toute distinction de race, de croyance, de couleur, de nationalité, de statut, de position politique ou sociale. Le corps de l'homme doit; être respecté, protégé de la violence et de l'outrage, fortifié par la science contre la maladie et la mort évitable. La vie de l'homme doit être tenue pour sacrée, préservée, fortifiée, ennoblie, exaltée. Le cœur de l'homme doit être aussi considéré comme sacré; il faut lui donner le champ libre, le protéger contre la profanation, contre l'étouffement, contre la mécanisation, le libérer des influences amoindrissantes. L'esprit de l'homme doit être dégagé de toute entrave; il faut lui donner la liberté, le champ d'action et l'occasion, lui fournir tous les moyens d'éducation et de développement, et l'organiser dans le jeu de ses pouvoirs pour le service de l'humanité. Et tout cela, de plus, il ne faut pas le considérer comme un pieux sentiment abstrait, mais lui donner une pleine reconnaissance pratique dans la personne des hommes, des nations et du genre humain. Dans ses grandes .lignes, ceci est l'idée ou l'esprit de la religion intellectuelle de l'humanité.

On n'a qu'à comparer la vie de l'homme, sa pensée et ses sentiments d'il y a un siècle ou deux, avec sa vie, sa pensée et ses sentiments dans la période d'avant-guerre1, pour voir la grandeur de l'influence que cette religion de l'humanité a exercée et la fécondité de son travail. Elle a accompli rapidement beaucoup de choses que la religion orthodoxe n'a pu faire effectivement; cela surtout parce qu'elle a agi comme un dissolvant intellectuel et critique constant, un adversaire impitoyable de ce qui est, et un champion inébranlable, toujours fidèle à l'avenir, de ce qui sera; la religion orthodoxe au contraire s'est alliée aux puissances du présent,

 

1 La première guerre mondiale.

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perhaps have succeeded entirely but for the contrary trend of modern Science. It made it possible for man to conceive of a world free from war as imaginable even without waiting for the Christian millennium. At any rate, this much change came about that, while peace was formerly a rare interlude of constant war, war became an interlude, if a much too frequent interlude of peace, though as yet only of an armed peace. That may not be a great step, but still it was a step forward. It gave new conceptions of the dignity of the human being and opened new ideas and new vistas of his education, self-development and potentiality. It spread enlightenment, it made man feel more his responsibility for the progress and happiness of the race; it raised the average self-respect and capacity of mankind; it gave hope to the serf, self-assertion to the down-trodden and made the labourer in his manhood the potential equal of the rich and powerful. True, if we compare what is with what should be, the actual achievement with the ideal, all this will seem only a scanty work of preparation. But it was a remarkable record for a century and a half or a little more and for an unembodied spirit which had to work through what instruments it could find and had as yet no form, habitation or visible engine of its own concentrated workings. But per haps it was in this that lay its power and advantage, since that saved it from crystallising into a form and getting petrified or at least losing its more free and subtle action.

But still in order to accomplish all its future, this idea and religion of humanity has to make itself more explicit, insistent and categorically imperative. For otherwise it can only work with clarity in the minds of the few and with the mass it will be only a modifying influence, but will not be the rule of human life. And so long as that is so, it cannot entirely prevail over its own principal enemy. That enemy, the enemy of all real religion, is human egoism, the egoism of the individual, the egoism of class and nations. These it could for a time soften, modify, force to curb their more arrogant, open and brutal expressions, oblige to adopt better institutions, but not to give place to the love of mankind, not to recognise a real unity between man and man. For that essentially must be the aim of the religion of humanity, as it must

et même à celles du passé, elle s'est liée à elles par des pactes, et elle n'a pu agir au mieux que comme une force de modération, non de réforme. De plus, cette religion a foi dans l'humanité et dans son avenir terrestre, et par suite elle peut aider son progrès sur terre, tandis que les religions orthodoxes ont considéré la vie terrestre de l'homme avec des yeux de douleur et de tristesse pieuses, et qu'elles ont été fort prêtes à lui enjoindre de supporter avec paix et contentement les crudités, les cruautés, les oppressions, les tribulations de cette vie, et même à leur faire bon accueil, comme à des moyens d'apprendre à apprécier et à gagner la vie meilleure qui nous sera donnée dans l'au-delà. La foi, même la foi intellectuelle, doit toujours accomplir des miracles; cette religion de l'humanité, même sans prendre de forme corporelle ni d'apparence compulsive, sans moyens visibles de réalisation, a été cependant capable d'effectuer comparativement beaucoup de ce qu'elle se proposait de faire. Jusqu'à un certain point, elle a humanisé la société, humanisé la loi et les châtiments, humanisé l'attitude de l'homme vis-à-vis de l'homme, aboli la torture légale et les formes les plus grossières de l'esclavage, relevé ceux qui étaient abaissés et tombés, elle a donné de vastes espoirs à l'humanité,  stimulé la philanthropie, la charité et le service du genre humain, encouragé partout le désir de liberté, mis un frein à l'oppression et réduit considérablement ses expressions les plus brutales. Elle avait presque réussi à humaniser la guerre et y serait peut-être entièrement parvenue sans la tendance contraire de la science moderne. Elle a permis à l'homme de concevoir qu'un monde libre de la guerre soit imaginable sans attendre le millénium chrétien. En tout cas, un changement s'est produit en ceci: tandis que la paix était autrefois un interlude rare au milieu de guerres constantes, maintenant la guerre est devenue l'interlude—un interlude beaucoup trop fréquent—entre des périodes de paix, et encore jusqu'à présent est-ce une paix armée. Ce n'était peut-être pas un grand pas, pourtant c'était un pas en avant. Il donna de nouvelles conceptions de la dignité de l'être humain, et ouvrit des idées et des perspectives nouvelles pour son éducation, son développement et ses potentialités. La lumière se répandit, l'homme sentit davantage sa responsabilité dans le progrès et le bonheur de l'espèce;

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be the earthly aim of all human religion, love, mutual recognition of human brotherhood, a living sense of human oneness and practice of human oneness in thought, feeling and life, the ideal which was expressed first some thousands of years ago in the ancient Vedic hymn and must always remain the highest injunction of the Spirit within us to human life upon earth. Till that is brought about, the religion of humanity remains unaccomplished. With that done, the one necessary psychological change will have been effected without which no formal and mechanical, no political and administrative unity can be real and secure. If it is done, that outward unification may not even be indispensable or, if indispensable, it will come about naturally, not as now it seems likely to be, by catastrophic means, but by the demand of the human mind, and will be held secure by an essential need of our perfected and developed human nature.

But this is the question whether a purely intellectual and , sentimental religion of humanity will be sufficient to bring about so great a change in our psychology. The weakness of the intellectual idea, even when it supports itself by an appeal to the sentiments and emotions, is that it does not get at the centre of man's being. The intellect and the feelings are only instruments of the being and they may be the instruments of either its lower external form or of the inner and higher man, servants of the ego or channels of the soul. The aim of the religion of humanity was formulated in the eighteenth century by a sort of primal intuition; that aim was and it is still to re-create human society in the image of three kindred ideas, liberty, equality and fraternity. None of these has really been won in spite of all the progress that has been achieved. The liberty that has been so loudly proclaimed as an essential of modem progress is an outward and mechanical and unreal liberty. The equality that has been so much sought after and battled for is equally an outward and mechanical and will turn out to be an unreal equality. Fraternity is not even claimed to be a practicable principle of the ordering of life and what is put forward as its substitute is the outward and mechanical principle of equal association or at the best a comradeship of labour. This is because the idea of humanity has been obliged in an intellectual

le respect de soi et la capacité moyenne de l'humanité s'élevèrent; l'espoir renaquit au serf, la possibilité de s'affirmer à l'opprimé; le travailleur devint l'égal potentiel, dans son humanité, du riche et du puissant. Il est vrai que si nous comparons ce qui est avec ce qui devrait être, l'accomplissement actuel avec l'idéal, tout cela semblera seulement un travail sommaire de préparation. C'est pourtant un accomplissement remarquable pour un siècle et demi de travail, ou un peu plus, et pour un esprit sans forme, qui avait à travailler au moyen des seuls instruments qu'il pouvait trouver, et qui n'avait encore ni corps, ni habitation, ni agent visible lui permettant une action concentrée. Mais peut-être est-ce en cela que résidaient son pouvoir et son avantage; puisque cela l'empêcha de se cristalliser en une forme et de se pétrifier, ou au moins de perdre son action plus libre et plus subtile.

Mais encore, afin de réaliser son avenir, cette idée, cette religion de l'humanité, doit se rendre plus explicite, plus insistante, plus catégoriquement impérative. Autrement, elle ne pourra travailler avec clarté que dans la pensée d'un petit nombre; sur la masse elle n'aura qu'une influence modificatrice, sans devenir la règle de la vie humaine. Et tant qu'il en est ainsi, elle ne peut prévaloir entièrement sur son ennemi principal. Cet ennemi, l'ennemi de toute religion vraie, c'est l'égoïsme humain, l'égoïsme de l'individu, l'égoïsme de la classe et celui de la nation. Elle a pu, pour un certain temps, adoucir ces égoïsmes, les modifier, les forcer à mettre un frein à leurs expressions les plus arrogantes, les plus ouvertes et les plus brutales; elle a pu les obliger à adopter des institutions meilleures, mais non à faire place à l'amour de l'humanité, non à reconnaître une unité réelle entre les hommes. Or ceci doit être essentiellement le but de la religion de l'humanité, comme ce doit être le but terrestre de toute religion humaine: l'amour, la reconnaissance mutuelle de la fraternité entre hommes, un sens vivant de l'unité humaine, et la mise en pratique de cette unité dans la pensée, dans le sentiment et dans la vie,—idéal qui fut exprimé tout d'abord, il y a des milliers d'années, dans l'antique hymne védique, et qui demeurera toujours la plus haute injonction de l'Esprit en nous à l'égard de la vie humaine sur terre. Jusqu'à ce que cela soit accompli, la religion de l'humanité

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age to mask its true character of a religion and a thing of the soul and the spirit and to appeal to the vital and physical mind of man rather than his inner being. It has limited his effort to the attempt to revolutionise political and social institutions and to bring about such a modification of the ideas and sentiments of the common mind of mankind as would make these institutions practicable; it has worked at the machinery of human life and on the outer mind much more than upon the soul of the race. It has laboured to establish a political, social and legal liberty, equality and mutual help in an equal association.

But though these aims are of great importance in their own field, they are not the central thing; they can only be secure when founded upon a change of the inner human nature and inner way of living; they are themselves of importance only as means for giving a greater scope and a better field for man's development towards that change and, when it is once achieved, as an outward expression of the larger inward life. Freedom, equality, brother hood are three godheads of the soul; they cannot be really achieved through the external machinery of society or by man so long as he lives only in the individual and the communal ego. When the ego claims liberty, it arrives at competitive individualism. When it asserts equality, it arrives first at strife, then at an attempt to ignore the variations of Nature, and, as the sole way of doing that successfully, it constructs an artificial and machine-made society. A society that pursues liberty as its ideal is unable to achieve equality; a society that aims at equality will be obliged to sacrifice liberty. For the ego to speak of fraternity is for it to speak of something contrary to its nature. All that it knows is association for the pursuit of common egoistic ends and the utmost that it can arrive at is a closer organisation for the equal distribution of labour, production, consumption and enjoyment.

Yet is brotherhood the real key to the triple gospel of the idea of humanity. The union of liberty and equality can only be achieved by the power of human brotherhood and it cannot be founded on anything else. But brotherhood exists only in the soul and by the soul; it can exist by nothing else. For this brotherhood is not a matter either of physical kinship or of vital association or

restera irréalisée. Quand cela sera fait, le seul changement psychologique nécessaire aura été effectué; sans lui aucune unité formelle et mécanique, politique et administrative, ne peut être réelle et assurée. Si cela est fait, l'unification extérieure peut même ne pas être indispensable, ou si elle l'est, elle se produira naturellement: non pas, comme cela semble à présent devoir se faire, par des moyens catastrophiques, mais par une simple exigence de l'esprit humain; et l'unification sera maintenue par un besoin essentiel de notre nature humaine développée et perfectionnée.

La question est de savoir si une religion de l'humanité purement intellectuelle et sentimentale peut suffire à accomplir un si grand changement dans notre psychologie. La faiblesse de l'idée intellectuelle est que, même quand elle cherche un soutien dans un appel aux sentiments et aux émotions, elle ne pénètre pas jusqu'au centre de l'être humain. L'intellect et les sentiments ne sont dans l'être que des instruments et ils peuvent être les instruments de la forme inférieure externe, ou ceux de l'homme supérieur interne, les serviteurs de l'ego ou les canaux de l'âme. Le but de la religion de l'humanité fut formulé au dix-huitième siècle par une sorte d'intuition fondamentale; ce but était et est encore de recréer la société humaine à l'image de trois idées sœurs: liberté, égalité et fraternité. Aucune d'entre elles n'a été réellement conquise en dépit de tout le progrès obtenu. La liberté qu'on a tant proclamée comme essentielle au progrès moderne, est une liberté extérieure, mécanique et irréelle. L'égalité qu'on a tant recherchée et pour laquelle on s'est tant battu, est elle aussi extérieure et mécanique et se trouvera être une égalité irréelle. La fraternité n'est même pas considérée comme un principe pratique pour l'organisation de la vie, et ce que l'on propose comme substitut est le principe extérieur et mécanique d'association égale ou, au mieux, une camaraderie du travail. Ceci parce que l'idée d'humanité a été obligée, à notre époque intellectuelle, de masquer son vrai caractère de religion et de mouvement de l'âme et de l'esprit, pour s'adresser à la mentalité vitale et physique de l'homme  plutôt qu'à son être intérieur. Elle a limité ses efforts à l'essai de révolutionner les institutions politiques et sociales, et de modifier les idées et les sentiments de l'esprit commun de l'humanité, au

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of intellectual agreement. When the soul claims freedom, it is the freedom of its self-development, the self-development of the divine in man in ail his being. When it claims equality, what it is claiming is that freedom equally for ail and the recognition of the same soul, the same godhead in ail human beings. When it strives for brotherhood, it is founding that equal freedom of self-development on a common aim, a common life, a unity of mind and feeling founded upon the recognition of this inner spiritual unity. These three things are in fact the nature of the soul; for freedom, equality unity are the eternal attributes of the Spirit. It is the practical recognition of this truth, it is the awakening of the soul in man and the attempt to get him to live from his soul and not from his ego which is the inner meaning of religion, and it is that to which the religion of humanity also must arrive before it can fulfil itself in the life of the race.

SRI AUROBINDO

 

 


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point de rendre praticables ces institutions; elle a travaillé sur le mécanisme de la vie humaine et sur le mental extérieur, beaucoup plus que sur l'âme de l'espèce. Elle s'est efforcée d'établir, dans l'ordre politique, social et légal, une liberté, une égalité et une aide mutuelle dans une association égale.

Mais quoique ces buts aient une grande importance dans leur domaine propre, ils ne sont pas la chose centrale; ils ne peuvent être solides que s'ils sont fondés sur un changement de la nature interne de l'homme et de sa manière de vivre intérieure. Ils ne sont en eux-mêmes importants que comme moyens de donner une portée plus grande et un champ meilleur au progrès de l'homme vers ce changement, et, quand celui-ci sera accompli, comme expression extérieure d'une vie intérieure plus vaste. La liberté, l'égalité, la fraternité sont trois divinités de l'âme; elles ne peuvent pas être réellement réalisées à l'aide du mécanisme externe de la société, ou par l'homme tant qu'il vit seulement dans l'ego individuel  

ou dans celui de la communauté. Quand l'ego réclame la liberté, il en arrive à un individualisme compétitif. Quand il revendique l'égalité, il en arrive d'abord au conflit, puis à un essai d'ignorer les variations de la Nature, et, comme seul moyen d'y parvenir, il construit une société artificielle et mécanique. Une société qui poursuit la liberté comme idéal est incapable d'accomplir l'égalité; une société qui vise à l'égalité sera obligée de sacrifier la liberté. Quand l'ego parle de fraternité, c'est, pour lui, parler de quelque chose de contraire à sa nature. Tout ce qu'il connaît, c'est l'association dans la poursuite de fins égoïstes communes; et l'extrême limite à laquelle il puisse arriver, est une organisation plus étroite pour une distribution égale du travail, de la production, de la consommation et des plaisirs.

Et pourtant, la fraternité est la vraie clef du triple évangile de l'idée de l'humanité. L'union de la liberté et de l'égalité ne peut s'accomplir que par le pouvoir de la fraternité humaine, et elle ne peut se fonder sur rien d'autre. Mais la fraternité existe seulement dans l'âme et par l'âme; elle ne peut exister par rien d'autre. Car cette fraternité n'est pas une question de parenté physique, ni d'association vitale, ni d'entente intellectuelle. Quand l'âme revendique la liberté, c'est la liberté de son développement propre, du développement du divin dans l'homme, en tout son être. Quand elle revendique l'égalité, ce qu'elle réclame, c'est cette liberté égale pour tous, et la reconnaissance d'une âme identique, d'une divinité identique dans tous les êtres humains. Quand elle s'efforce vers la fraternité, elle fonde cette liberté égale du développement propre sur un but commun, une vie commune, une unité de l'esprit et des sentiments basée sur la reconnaissance de cette unité spirituelle interne. Ces trois choses sont en fait la nature de l'âme; car la liberté, l'égalité et l'unité sont les attributs éternels de l'Esprit. C'est la reconnaissance pratique de cette vérité, c'est l'éveil de l'âme dans l'homme et l'essai de le faire vivre par son âme et non par son ego, qui sont la raison intérieure de la religion, et c'est à cela que la religion de l'humanité aussi doit arriver, avant qu'elle ne puisse s'accomplir dans la vie de l'espèce.

 

SRI AUROBINDO

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La peur de la mort

et

les quatre méthodes pour la conquérir

 

D'UNE façon générale, le plus grand peut-être des obstacles qui entravent le progrès humain, est la peur, la peur multiple, innombrable, contradictoire, illogique, irraisonnée et souvent déraisonnable. Et de toutes les peurs la plus subtile et la plus tenace est la peur de la mort. Elle a ses racines profondes dans le subconscient, et ce n'est pas facile de l'en déloger. Elle est évidemment faite de plusieurs éléments entremêlés: l'esprit de conservation et le souci de la préservation pour assurer la continuité de la conscience, le recul devant l'inconnu, le malaise causé par l'inattendu et l'imprévisible, et peut-être, derrière tout cela caché dans les profondeurs des cellules, l'instinct que la mort n'est pas inéluctable et que, si certaines conditions sont remplies, elle peut être conquise, quoique à dire vrai, la peur en elle-même soit un des plus grands obstacles à cette conquête. Car on ne peut vaincre que ce que l'on ne craint point. Ainsi celui qui craint la mort est déjà vaincu par elle.

Comment surmonter cette peur? Plusieurs méthodes peuvent être employées à cet effet. Mais tout d'abord, certaines notions fondamentales sont nécessaires pour nous aider dans notre entreprise. Le premier point, le plus important, est de savoir que la vie est une et immortelle. Ce sont seulement les formes qui sont innombrables, passagères et friables. Il faut établir cette connaissance dans son esprit d'une façon certaine et durable, et dans la mesure du possible, identifier sa conscience à la vie éternelle indépendante de toute forme mais se manifestant dans toute les formes. Ceci donne la base psychologique indispensable pour faire face au problème, car le problème demeure. Même si l'être intérieur est suffisamment éclairé pour être au-dessus de

The fear of death

and

the four methods of conquering it

 

GENERALLY speaking, the greatest obstacle perhaps that hinders man's progress is fear, a fear varied, numberless, self-contradictory, illogical, unreasonable and often irrational. Of all kinds of fear the most subtle and the most clinging is that of death. This has roots deep in the subconscient and it is not easy to dislodge it from there. Obviously, it is made up of several intermingled elements: the spirit of conservation, the concern for self-preservation so as to ensure the continuity of consciousness, the recoil before the unknown, the unease caused by the unexpected and the incalculable and perhaps, behind all that, hidden in the depths of the cells, the instinct that death is not an inescapable thing and that, if certain conditions are fulfilled, it can be conquered; although, as a matter of fact, fear itself is a great obstacle to that conquest. For one can conquer that alone which one fears not, and he who fears death has already been vanquished by Death.

How to get rid of this fear? There are several methods that can be used. But at the outset a few fundamental notions are needed to help us in our endeavour. The first and the most important thing is to know that life is one and immortal. Only the forms, countless in number, are transient and brittle. This knowledge one must establish Securely and permanently in the mind, and as far as possible, one must identify one's consciousness with the life everlasting that is independent of any form but manifests itself in all forms. This gives the indispensable psychological basis from where to face the problem, for the problem is there. Even if the inner being is sufficiently illumined to be above all fear, still fear remains hidden in the cells of the body, obscure, spontaneous,

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toute peur, la peur reste cachée dans les cellules du corps, obscure, spontanée, échappant à la raison, la plupart du temps presque inconsciente. C'est dans ces profondeurs obscures qu'il faut la découvrir, la saisir et jeter sur elle la lumière de la connaissance et de la certitude.

Donc la vie ne meurt point, mais la forme se dissout et c'est cette dissolution que la conscience corporelle redoute. Pourtant cette forme est en constant changement et rien n'empêche essentiellement que ce changement soit progressif. Seul ce changement i progressif pourrait faire que la mort ne soit pas inévitable, mais il est fort difficile à accomplir et exige des conditions que peu de personnes sont à même de remplir. Ainsi, suivant la catégorie des cas et des états de conscience, la méthode à suivre pour surmonter la peur de la mort, sera différente. On peut classer ces méthodes en quatre genres principaux, quoique chaque genre comporte un grand nombre de variétés; à dire vrai, chacun doit élaborer son propre système.  

La première méthode fait appel à la raison. On peut dire que, dans l'état actuel du monde, la mort est inévitable, tout corps qui a pris naissance, périra nécessairement un jour ou l'autre; et dans la presque totalité des cas la mort vient quand elle doit venir; on ne peut ni hâter ni reculer son moment; celui qui la recherche a parfois fort longtemps à attendre pour l'obtenir, celui qui la redoute peut être frappé par elle subitement, en dépit de toutes les précautions qu'il aura prises. L'heure de la mort semble donc fixée inéluctablement, excepté pour un tout petit nombre d'êtres qui possèdent des pouvoirs dont la race humaine ne dispose pas généralement. La raison enseigne qu'il est absurde d'avoir peur d'une chose que l'on ne peut éviter. La seule chose à faire est d'en accepter l'idée et de faire tranquillement, de jour en jour, d'heure en heure, ce que l'on peut faire de mieux, sans se soucier de ce qui arrivera. Ce procédé est très efficace quand il est employé par les intellectuels qui ont l'habitude d'agir selon les lois de la raison; mais il réussirait moins chez les émotifs qui vivent dans leurs sentiments et se laissent gouverner par eux. Ceux-là devront, sans doute, avoir recours à la seconde méthode, celle de la recherche intérieure. Au-delà de toutes les émotions,

 escaping one's reason, often almost inconscient. It is in these dark depths that one has to discover it, seize it and cast upon it the light of consciousness and certitude.

Life then does not die, but the forms are dissolved, and it is this dissolution that the physical consciousness fears. And yet the form changes constantly and there is nothing that debars this change from being progressive. This progressive change alone can make it possible that death would no more be inevitable. However, it is a difficult task to accomplish and demands conditions that few can fulfil. The method then for conquering the fear of death will differ according to the nature of the case and the state of the consciousness. These methods can be classified into four principal groups, each consisting of a large number of varieties, but in fact every man has to develop his own system.

The first method appeals to reason. You can say that in the present condition of the world, death is an inevitable thing; a body that has taken birth will die necessarily one day or another and in  almost all cases death comes when it must come, you can neither hasten nor retard its hour. One who craves for it may have to wait long to get it and one who fears it may be struck down suddenly in spite of all precautions taken. The hour of death seems to be fixed inexorably, except for a very few who possess powers that the human race in general does not command. Reason teaches that it is absurd to fear a thing that one cannot avoid. The only course is to accept the idea and to do quietly from day to day, from hour to hour, the best one can do without any care for what is going to happen. This procedure is very effective when used by intellectuals who are accustomed to act according to rules of reason. But it would succeed less in emotional people who live by their feelings and are ruled by them. They should take to the second method, the method of introspection. Beyond all the emotions, in the silent and quiet depths of our being, there is a light burning constantly, the light of the psychic consciousness. Go in search of this light, concentrate upon it; it is within you. With a persevering will you will surely find it. As soon as you enter into it, you awake to the sense of immortality. You feel you have always lived, you will live always. You become wholly independent of your body; your

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dans les profondeurs silencieuses et tranquilles de notre être, il y a une lumière qui brille constamment, c'est la lumière de la conscience psychique. Partez à la recherche de cette lumière, concentrez-vous sur elle; elle est au-dedans de vous; avec de la persévérance dans votre volonté, vous êtes sûr de la trouver et dès que vous pénétrez en elle, vous vous éveillez au sens de l'immortalité; vous avez toujours vécu, vous vivrez toujours; vous devenez tout à fait indépendant de votre corps; votre existence consciente ne dépend pas de lui; et ce corps est seulement une des formes fugitives à travers lesquelles vous vous êtes manifesté. La mort n'est plus un anéantissement, elle n'est qu'une transition. Instantanément toute peur s'évanouit et on marche dans la vie avec la calme certitude de l'homme libre.

La troisième méthode est pour ceux qui ont foi en un Dieu leur Dieu, et qui se sont donnés à lui. Ils lui appartiennent intégralement; tous les événements de leur vie sont l'expression de la volonté divine et ils les acceptent non seulement avec une paisible soumission, mais avec reconnaissance, car ils sont convaincus que tout ce qui leur arrive est toujours pour leur bien. Ils ont une confiance mystique dans leur Dieu et dans la relation personnelle qu'ils ont avec lui; ils ont fait le don absolu de leur volonté à la sienne et ont le sentiment de son amour et de sa protection invariables, tout à fait indépendants des accidents de la vie et de la mort. Fis se sentent constamment couchés aux pieds de leur Bien-Aimé dans un abandon absolu, ou blottis dans ses bras, jouissant d'une sécurité parfaite. Il n'y a plus, dans leur conscience, aucune place pour la peur, l'anxiété ou le tourment; tout cela est remplacé par une calme et délicieuse béatitude.

Mais tout le monde n'a pas la bonne fortune d'être un mystique.

Pour finir, il y a ceux qui sont nés guerriers. Ils ne peuvent accepter la vie telle qu'elle est, et sentent vibrer en eux leur droit à l'immortalité, une immortalité totale et terrestre. Ils ont une sorte de connaissance intuitive que la mort n'est qu'une mauvaise habitude, et ils semblent être nés avec la résolution de la vaincre. Mais cette victoire nécessite un combat acharné contre une armé d'assaillants terribles et subtils, combat qui doit être livré constamment,

conscious existence does not depend upon it. This body is only one of the many transient forms through which you have manifested yourself. Death is no more extinction, it is only a transition. Fear vanishes forthwith and you march forward in life with the calm certitude of a free man.  

The third method is for those who have faith in a God, their God, one to whom they have given themselves altogether. They belong to him integrally. All the happenings of their life are an expression of the divine will and they accept them not merely in peaceful self-surrender but with gratitude. For they are convinced that whatever happens to them is for their good. They have a mystic trust in their God and in the personal relation they have with him. They have absolutely surrendered their will to his and feel his unvarying love and his constant protection, quite independent of the accidents of life and death. They have the constant experience of being at the feet of their Beloved in absolute self surrender or nestling in his arms and enjoying perfect safety. There is no room in their consciousness any more for fear, anxiety or trouble: all that has given place to a calm and delightful bliss.

But every one has not the good fortune of being a mystic.

Finally, there are those who are born warriors. They cannot accept life as it is. They feel pulsating in them their right to immortality, an integral immortality and upon this earth. They possess a kind of intuitive knowledge that death is only a bad habit, they seem to be born with the resolution to conquer it. But this conquest means a desperate fight against an army of fierce and subtle assailants, a fight that has to be fought, constantly, every minute, so to say. He alone who has an indomitable spirit should risk it. The battle has many fronts: it is on. several planes that inter mingle and complement each other.  

The first battle to engage is already formidable: it is the mind's battle against a suggestion that is collective, massive, over whelming, compelling, a suggestion based upon thousands of years of experience, upon a law of Nature that does not seem yet to have had any exception. It translates itself into this stubborn assertion: It has been so always, it cannot be otherwise. Death is inevitable and it is madness to hope that there should be anything

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pour ainsi dire à chaque minute. Seul celui dont le tempérament est intrépide doit s'y risquer. La lutte a plusieurs aspects; elle est située dans plusieurs plans qui s'entremêlent et se complètent.

La première bataille à livrer est déjà formidable; c'est la bataille a mentale contre la suggestion collective, massive, impérieuse, contraignante; suggestion basée sur des millénaires d'expérience, sur une loi de la nature qui ne paraît pas avoir encore rencontré d'exception. Elle se traduit par cette affirmation obstinée: "II en a toujours été ainsi, il ne peut pas en être autrement. La mort est inévitable et c'est une folie d'espérer qu'elle ne le soit pas." Le concert est unanime et jusqu'à présent, même le savant le plus avancé ose à peine faire entendre une note discordante, un espoir pour l'avenir. Quant à la plupart des religions, elles ont basé leur pouvoir d'action sur le fait de la mort, et elles affirment que Dieu a voulu que l'homme meure puisqu'il l'a créé mortel. Beaucoup d'entre elles ont fait de la mort une délivrance, une libération, parfois même une récompense. Elles ordonnent: "Soumets-toi à la volonté du Très-Haut, accepte sans révolte l'idée de la mort, et tu seras paisible et heureux." Il faut, en dépit de tout cela, que la conviction mentale reste inébranlable pour soutenir une volonté qui ne fléchit point. Mais pour celui qui s'est promis de vaincre la mort, toutes ces suggestions sont sans effet et ne peuvent affecter sa certitude basée sur une révélation profonde.

La seconde bataille est celle du sentiment, la lutte contre l'attachement à tout ce que l'on a construit, tout ce que l'on a aimé. Par un travail assidu, parfois au coût de grands efforts, vous avez érigé votre foyer, votre carrière, votre œuvre sociale, littéraire, artistique, scientifique ou politique; vous vous êtes créé un milieu dont vous êtes le centre et dont vous dépendez au moins autant qu'il dépend de vous. Vous êtes entouré d'un ensemble de personnes, parents, amis, collaborateurs, et quand vous pensez à votre vie, ils occupent dans votre pensée une place presque aussi grande que vous-même, au point que s'ils vous étaient brusquement enlevés, vous vous sentiriez perdu, comme si une très importante partie de votre être avait disparu.

Il n'est pas question de renoncer à toutes ces choses, puisqu'elles

else. The concert is unanimous and till now even the most advanced man of learning has hardly dared to raise a note of dissidence, or of hope for the future. As for religions, most of them rely for their power of action upon the fact of death and they assert that God wanted man to die since he created him mortal. Many among them make of death a deliverance, a liberation, at times even a reward. Their injunction is: Bow to the will of the Highest, accept without revolt the idea of death and you shall have peace and happiness. In spite of all this, the mind must remain unshakable in its conviction and sustain a will that never bends. But for one who is resolved upon conquering death, these suggestions have no effect and do not touch the certitude based upon a profound revelation.

The second battle is the battle of the feelings, the fight against all attachment to what one has created, to what one has loved. As the result of assiduous labour, sometimes at the cost of immense effort, you have built up a home, a career, a social, literary, artistic, scientific or political work, you have formed an environment whose centre you are, and you depend upon it at least as much as it depends upon you. You are surrounded by a whole set of persons, relatives, friends, fellow-workers; and when you think of your life, they occupy in your thought almost as much place as your own self, so much so that if they were to be suddenly removed, you would feel lost, as if a very important part of your being has disappeared.

There is no question of giving up all these things, since they make up, at least in a large measure, the ground of your being, the goal of your existence. What is to be given up is the attachment to these things, so that you may feel capable of living without them, or rather, that you may be ready, if they leave you, to re build a new life for you in new circumstances, and that indefinitely; for such is the consequence of immortality. The state means, to be able to organise and execute everything with the maximum care and attention and yet be free from desire and attachment; for, if you wish to escape from death, you must not bind yourself to anything perishable.

After the feelings come the sensations. Here the fight is

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constituent, au moins en grande partie, la raison d'être et le but de votre existence, mais il faut renoncer à tout attachement pour elles, afin de vous sentir capable de vivre sans elles, ou plutôt, afin d'être toujours prêt, si elles vous quittent, à vous reconstruire une vie nouvelle dans de nouvelles circonstances, et cela indéfiniment, car tel est le résultat de l'immortalité. On peut définir cet état ainsi: savoir tout organiser et tout exécuter avec le maximum de soin et d'attention, mais en restant libre de tout désir et de tout attachement; car si l'on veut échapper à la mort, il ne faut être lié à rien de périssable.

Après les sentiments viendront les sensations. Ici la lutte est sans merci, et les adversaires sont redoutables. Ils savent percevoir la moindre faiblesse et frappent là où vous êtes désarmé; les victoires remportées ne sont que passagères et les mêmes combats se répètent indéfiniment; l'ennemi que vous croyiez avoir vaincu se redresse encore et encore pour vous frapper. Il faut avoir un caractère fortement trempé et une endurance inlassable pour résister à toutes les défaites, tous les déboires, tous les démentis, tous les découragements, et à l'immense lassitude d'être toujours en contradiction avec l'expérience quotidienne et les événements terrestres.

Maintenant nous en arrivons au combat le plus terrible de tous, le combat matériel, celui qui se livre dans le, corps; car il est sans répit et sans trêve. Il commence à la naissance et ne peut se terminer qu'avec la défaite de l'un des deux belligérants: la force de transformation et la force de désintégration. Je dis depuis la naissance, car en fait les deux tendances sont en conflit dès l'entrée dans le monde, quoique ce conflit ne devienne conscient et volontaire que beaucoup plus tard. Car toutes les indispositions, les maladies, les malformations, les accidents mêmes, sont l'effet de l'action de la force de désintégration, comme la croissance, le développement harmonieux, la résistance aux attaques diverses, la guérison des maladies, tous les rétablissements au fonctionnement normal, toutes les améliorations progressives sont dûs à l'action de la force de transformation. Plus tard, avec le développement de la conscience, quand la lutte devient volontaire, elle se change en une course compétitive effrénée entre les deux tendances contraires, une course à celle qui atteindra son but la première: la transformation  

pitiless and the adversaries redoubtable. They are aware of the least weakness in you and strike where you are exposed. The victories won are transient and the same battles have to be fought repeatedly and indefinitely. The enemy whom you believed to have vanquished stands up again and again to strike you. One must have a strongly seasoned character, an untiring endurance to be able to go through all defeat, disappointment, denial, discouragement, and the immense weariness when you find yourself always in contradiction with the day to day experience and the happenings upon earth.

We now come to the most deadly battle, the battle in the material, one that is fought in the body: for it goes on without respite or truce. It begins with one's birth and can end only with the defeat of either of the two belligerents, namely, the force of transformation and the force of disintegration. I say, with one's birth, for, in fact, the two movements are in conflict from the very moment one comes into the world, although the conflict becomes conscious and deliberate much later. For all indisposition, disease, malformation, accidents, too, are the result of the action of the force of disintegration, even as growth, harmonious development, resistance to attack, cure from disease, return to normal functioning, all improvement that makes for progress are due to the action of the force of transformation. Later on, when the consciousness is developed, the battle becomes deliberate and changes into a frantic race of rivalry between the two contrary movements, a race as to which one should reach his goal first, transformation or death. This means a ceaseless effort, a constant concentration to bring down the force of regeneration, to increase the power of receptivity in the cells to this force, to battle step by step, from point to point against the devastating action of the forces of destruction and disintegration, to pull out of its hold all that can answer to the ascending urge, to enlighten, purify, stabilise, an obscure and obstinate struggle, most often with no apparent result, no external sign of victories partially won and not certain, for the work has to be done over again; each step forward is most often paid for by a setback elsewhere and what was done one day could be undone the next day. Indeed victory

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ou la mort. C'est l'effort ininterrompu, la concentration constante pour faire descendre la force régénératrice et pour augmenter la réceptivité des cellules à cette force, pour lutter pas à pas, point à point contre action dévastatrice des forces de destruction et de déchéance, pour arracher à son emprise tout ce qui est capable de répondre à l'impulsion ascendante, pour éclairer, purifier, équilibrer. Combat obscur et obstiné, le plus souvent sans résultat apparent, et sans signe extérieur des victoires partielles remportées dont on ne peut avoir la certitude, car le travail fait semble toujours à refaire; chaque pas en avant est le plus souvent payé par un recul ailleurs, et ce qui a été accompli un pur peut être redéfait le lendemain, en effet la victoire ne peut être assurée et durable que si elle est totale. Et tout cela prend du temps, beaucoup de temps et les années passent inexorables, augmentant la puissance des forces adverses.

Pendant tout ce temps la conscience est comme une sentinelle debout dans la tranchée: il faut tenir, tenir à tout prix, sans un tressaillement de peur, sans un relâchement de vigilance, gardant une foi inébranlable dans la mission à remplir et dans l'aide d'en-haut qui vous anime et vous soutient. Car le triomphe est au plus endurant.

Il y a bien un autre moyen de vaincre la peur de la mort, mais il est à la portée d'un si petit nombre, qu'il n'est mentionné ici qu'à titre de renseignement. C'est d'entrer dans le domaine de la mort volontairement et consciemment, tandis qu'on est en vie; puis de retourner de cette région vers le corps physique pour rentrer en lui et reprendre le cours de l'existence matérielle, en toute connaissance de cause. Mais pour cela il faut être un initié.

 

 

 

 

 

can be sure and certain and durable only when it is a total victory. All that takes time, much time: and years pass by inexorably, increasing the strength of the adverse forces.

All the time the consciousness stands like a sentinel in the trench. You must hold on, hold on, cost what it may, without a quiver of fear nor slackening of the vigilance, keeping an un shakable faith in the mission to be accomplished and in the help from Above which inspires and sustains you. The victory is for the most enduring.

There is still another way of conquering the fear of death. But it is within the reach of so few, that it is mentioned here only as a matter of information. It is to enter into the domain of death deliberately and consciously while one is still in life, and then to come back from that region to the physical body, enter there and take up with full knowledge the course of material existence. But for that one must be an initiate.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Report on the Quarter

THE Gymnastic season is welcomed, but not only because of Gymnastics, but for a variety of reasons.

Besides the usual competitions, there is the School Anniversary celebrations of the1st and 2nd December, and there is the annual vacation for the children.

It is a habit with school children all over the world to look forward to their holidays when they will have relief from the daily grind. A pale reflection of this can be found with our children here, and it is becoming paler each year. In any case, the so called feeling of relief does not last more than a few days. We, here, are all so much used to a full life—where every activity is planned and catered for throughout the day, that the sudden change which brings a hiatus in the days programme throws one out of joint rather than brings relief. In a few days most children begin to look forward to the reopening of the school.

But yet there is enough to occupy them, with the preparations for the 1st and 2nd December. The programmes have become so comprehensive that a very large number of the students is involved in them and they are thereby kept busy throughout the holidays.

Before we come to these two days, however, there is first the Darshan of the 24th November to consider. In the morning there was, as usual, the Blessings and distribution by the Mother of an hitherto unpublished piece of Sri Aurobindo's work, a beautiful and moving prayer to "The Mother of Radiances".

In the afternoon the Mother opened an Exhibition at the University Centre Library, of "Flowers in Yoga". Flowers have always played an important part in our life here. Besides the beauty and colour and perfume they bring into our daily existence, and besides the Joy they give to those who grow them, and their number is legion—every flower has its own occult significance,

Rapport Trimestriel

 

LA saison de la gymnastique est bien accueillie, non seulement à cause de la gymnastique, mais pour des raisons variées. Outre les concours habituels, c'est pendant ce trimestre qu'ont lieu les fêtes anniversaires de l'École, les Ier et 2 décembre, ainsi que les vacances annuelles des enfants.

Dans le monde entier les enfants ont l'habitude de se réjouir à l'avance des vacances qui les soulageront de la routine quotidienne. Chez nos enfants, on trouve une pâle réflexion de cette habitude, et elle devient plus pâle chaque année. En tout cas le prétendu sentiment de soulagement ne dure que quelques jours. Nous avons tous ici tellement l'habitude d'une vie pleine—où chaque instant de la journée est pourvu d'une activité dirigée— que ce changement soudain, qui provoque une coupure dans le programme des jours, dérange et disloque plutôt qu'il ne soulage. Après quelques jours, la plupart des enfants commencent à attendre la réouverture de École.

Pourtant, ils ont largement de quoi faire avec les préparatifs lents des Ier et 2 décembre. Les programmes sont devenus si complets out qu'ils requièrent la participation d'un grand nombre d'élèves et les tiennent occupés pendant toutes les vacances.

Avant d'en arriver à ces deux journées, cependant, nous devons parler du Darshan du 24 Novembre. Le matin comme d'habitude, nous avons reçu la bénédiction de la Mère; à tous Elle a distribué un fragment inédit des œuvres de Sri Aurobindo, une belle et émouvante prière à "La Mère des Splendeurs."

L'après-midi, à la bibliothèque du Centre Universitaire, la Mère ouvrit une exposition sur "Les fleurs, dans leur relation avec le Yoga". Les fleurs ont toujours joué un rôle important dans notre vie ici. A part la beauté de forme, de couleur et de parfum qu'elles apportent dans notre existence journalière et la joie qu'elles donnent à ceux qui les soignent, et ils sont nombreux,

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and is a corresponding vehicle to the Mother's action when so used by Her. These significances have been expressed and explained by the Mother for almost every variety and sub-variety of flower that has come to Her. These have now been collected, classified and published by us in a booklet called "Le Role des Fleurs" in which each flower is identified by its common name and its botanical name, and is then given its significance in French and in English. This booklet was distributed at the Exhibition.

Many flowers were shown, either in themselves, or in pictures and paintings and embroideries and even by suggestion; and their significances and occult values were indicated with much ingenuity and taste Now we come to the 1st and 2nd December. As the available talent is increasing—and at such a rapid rate, programmes have a tendency to become longer. But this time we made a record in having a programme for the 1st December which lasted about seven hours. Yet almost everyone agreed that this long session —with an interval of half an hour in between, was not at all tiring and the audience was kept interested till the end. The items, as usual, comprised of recitations, music, dances and recitals. There was also a short one act play in French.

The dances, which made up the greater part of the programme, were numerous and varied. They ranged from that of the little children—which was very well received—to one by a master of the art from Calcutta who had come down specially for the purpose. There was also a dance in the traditional style and a long dance interpretation of Sri Aurobindo's "Love and Death". Western dancing was also represented by two short sketches. The programme terminated on a high note with a grand recital of the Canto 4 of Book VII of Sri Aurobindo's "Savitri".

The next day, the programme was a little less long—about four hours—and that also was full of interest to the very end, Besides the display of regular gymnastic events and drills, we introduced this year some bouts of fencing, boxing, and wrestling, and weight lifting with feats of strength. A further innovation was wire balancing and roller balancing. The display of yogic

chaque fleur possède une signification occulte propre et, employée par la Mère, elle devient le véhicule d'une forme correspondante de son action. La Mère a formulé et expliqué ces significations pour presque toutes les espèces et les variétés de fleurs qui lui ont été présentées. Ces significations, réunies et classifiées, viennent d'être publiées dans une brochure intitulée "Le Rôle des Fleurs" où chaque fleur, identifiée par son nom commun et par son nom botanique, est pourvue de sa signification en français et en anglais. Cette brochure a été distribuée lors de l'exposition.

Beaucoup de fleurs étaient exposées, soit elles-mêmes, soit par des images, des tableaux et des broderies, soit même par des allusions. Leur sens et leur valeur occultes étaient indiqués avec beaucoup d'ingéniosité et de goût.

Nous en venons maintenant aux Ier et 2 décembre. Comme les talents disponibles augmentent, et rapidement, les programmes tendent à devenir plus longs. Et cette année, nous avons, pour le 1er décembre, accompli le record d'un programme de presque sept heures. Et pourtant, presque tous les spectateurs ont convenu que cette longue séance, avec un entr'acte d'une demi-heure, n'avait pas été fatigante et que l'auditoire était resté intéressé jusqu'à la fin. Comme d'habitude, le programme consista en récitation, musique, danse et déclamation; il y eut aussi une pièce en un acte, en français.

Les danses, qui ont occupé la plus grande partie du programme, furent nombreuses et variées. Elles s'étendirent depuis celle des petits enfants—qui reçurent un accueil particulièrement chaleureux—jusqu'à un numéro exécuté par un maître de l'art, venu spécialement de Calcutta dans ce but. Il y eut aussi une danse dans le style indien traditionnel et une longue interprétation du poème "L'Amour et la Mort", de Sri Aurobindo. La danse occidentale fut représentée par deux courts "sketches". Le programme culmina par une déclamation scénique grandiose du Chant 4 du Livre VII de Savitri, le poème épique de Sri Aurobindo.

Le jour suivant, le programme fut un peu moins long—environ quatre heures—et lui aussi, plein d'intérêt jusqu'au bout. A côté du déroulement des épreuves et des exercices réguliers de

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Asanas was followed with keen interest particularly by the invited  guests.  

This year we invited a large number of local people as so  many had expressed a wish to attend these performances. As a  consequence, the ground was filled to over-flowing and we had considerable difficulty in finding sufficient accomodation for every one.

With the 2nd December we end this quarter, but before closing this report, we must tell about an important piece of work which we have had to do to protect our Tennis Grounds from being heavily damaged by the sea. There has been, for quite some time, a definite and very marked erosion by the sea towards our grounds. We had taken some means to prevent it, but this year, owing perhaps to the unusually heavy rains, the sea made a sudden in rush and undermined the ground almost right up to our very boundaries. The foreshore—which we had so happily been using for sea bathing, had disappeared and our grounds were in serious danger. We had immediately, therefore, to build a large heavy wall to protect our grounds, and this we did by sinking a large number of deep wells filled with concrete, along the length of our boundary. These wells were then tied by concrete slabs and the gaps filled in. So we now have a deep-rooted massive wall sup ported on the shore side and protected on the sea side by aprons of huge granite boulders. We show pictures of the hill from where these boulders were taken. We hope that this will now stop any further depredation of the sea in our direction.

gymnastique, nous assistâmes cette année à quelques assauts d'escrime, de boxe, de lutte, à des levers de poids et d'haltères et à des tours de force. Une autre innovation fut celle de l'équilibre sur la corde raide et sur le rouleau. La démonstration des postures (âsanas) de Hatha-Yoga fut suivie avec beaucoup d'attention, spécialement par les invités.

Cette année nous avions invité un grand nombre de personnes de la ville qui avaient exprimé le désir d'assister à ces séances. Il en résulta qu'il fut très difficile de trouver des places en nombre suffisant pour tout le monde et que le terrain était plein à déborder.

 Avec le 2 décembre, nous terminons ce trimestre; mais avant de clore ce rapport, nous dirons quelques mots d'un travail important entrepris pour protéger nos courts de tennis contre l'action destructrice de la mer. Depuis assez longtemps l'érosion due à la mer menaçait de façon certaine et prononcée notre terrain. Nous avions pris certaines mesures pour l'enrayer, mais cette année, peut-être à cause des pluies exceptionnellement abondantes, la mer a progressé soudain et miné le sol presque jusqu'à notre clôture. La plage, que nous utilisions si heureusement pour les bains de mer, avait disparu et nos terrains de tennis et de basket-ball étaient sérieusement menacés. Nous avons dû immédiatement bâtir un long mur solide pour les protéger et, dans ce but, nous avons foncé en bordure de la mer un grand nombre de puits jointifs profonds, que nous avons ensuite remplis de béton. Ces puits furent alors réunis par une dalle de béton et les intervalles remplis aussi par du béton. De cette façon, nous avons construit un mur massif solidement fondé, appuyé au rivage et protégé du côté de la mer par un tablier de gros blocs de granit. Nous montrons des photographies de la colline d'où ces blocs proviennent. Nous espérons que ce travail arrêtera tout progression future de la mer dans notre direction.

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Illustrations

 

 

 

The sea dashing against our grounds

La mer attaquant nos terrains

I


 

 
 

 

Building a defence against the attacks of the sea

Construction d'un mur de protection contre la mer.

II


 

 
 

 

Hill from which the granite is taken for the construction of our sea-wall.

La colline d'où l'on extrait le granit pour la construction de notre mur de protection

III


 

 
 

 

Visits to the University compound

Visites aux bâtiments du Centre Universitaire.

IV


 

 
 

 

Exhibition of flowers in yoga.

Exposition des fleurs dans leur relation au yoga.

V


 

 
 

 

Children's dances. The Dwarfs of the Mountain.

Danse enfantine. Les Nains de la Montagne.

VI


 

 
 

 

"Le  Sage" French play

"Lee Sage" Un acte en Francais

VII


Ballerine.

Ladanse du dieu de la Guerre

 

 

Ballerine.

 The dance of the War God.

VIII


 

 
 

 

Dance from "Love and Death"

Danse interprétant le poèmer "l'Amour et la Mort" de Sri Aurobindo.

IX


Fencing

 

Escrime

 
 

 

Development

Développement

X


 

 

XI


 

 
 

 

The laboratory of chemistry

Le laboratoire de chimie

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